Cancer de la thyroïde : les effets de Tchernobyl remis en cause par des experts
30 ans après l'accident de Tchernobyl, des experts estiment que le nuage de Tchernobyl n'est pas le plus grand responsable de l'envolée des cas de cancers de la thyroïde dans notre pays.
C’est une idée fortement ancrée en France, sinon ailleurs, qui est balayée par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) via son dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Il y a 30 ans, le nuage radioactif s’échappant du site de Tchernobyl se dissipait et retombait sur de nombreux pays, dont la France. Dans le même temps, le nombre de cancers de la thyroïde grimpait en flèche alors qu’auparavant, il était plutôt rare.
Cancer de la thyroïde : Tchernobyl n’explique pas tout
François Bourdillon et Jacques Repussard, en préliminaire de ce BEH, écrivent : “Bien que l’accident de Tchernobyl se soit produit il y a maintenant 30 ans, l’idée selon laquelle ses retombées radioactives seraient en partie responsables de l’accroissement de ce type de cancer en France, en l’occurrence très éloignée des territoires fortement contaminés (en Biélorussie, en Ukraine et en Russie), reste solidement ancrée dans de nombreux esprits”.
Mais en passant au crible les registres du cancer départementaux établis entre 1982 et 2012, les auteurs de l’étude se sont aperçus que l’incidence du cancer de la thyroïde n’ets pas dégressive d’Est en Ouest.
Des pratiques médicales en cause ?
Explication : les retombées en iode 131, l’un des cancérigènes de la thyroïde, ont été plus importantes dans l’Est de la France. “Nous avons observé une faible incidence dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et dans la Manche alors qu’elle est plus élevée en Isère, en Gironde et en Vendée”, indique Marc Colonna, responsable scientifique du registre du cancer de l’Isère.
Dès lors, quelle serait la cause de cette flambée de ce type de cancer spécifique ? Les pratiques médicales, au premier rang desquelles le dépistage, qui pousse à surveiller de près la région de la thyroïde. Sans oublier “Les examens médicaux et dentaires (qui) ont beaucoup augmenté l’exposition de la thyroïde aux rayons X, principalement les examens au scanner”.