Cancer anal : tabou alors qu’une prise en charge précoce permet une guérison dans 90% des cas
Si le cancer anal frappe de plus en plus fort depuis une trentaine d'années, il constitue une problématique taboue pour des patients n'osant pas l'évoquer auprès de leur médecin. Pourtant, ce cancer offre de grandes chances de guérison lorsque détecté à un stade précoce.
Se déclarer atteint(e) d’un cancer n’est pas chose facile, mais l’information apparaît encore plus délicate à communiquer lorsqu’il est question d’un cancer anal. Une localisation qui peut certes apporter une certaine légèreté à la discussion, avec toutefois aussi le risque de se sentir assailli par un sentiment mal placé de honte.
Et c’est peut-être cette dissimulation qui a conduit ce cancer à se vouloir plus impactant depuis trois décennies. Dans des propos publiés par franceinfo, le docteur et gastroentérologue Jean-David Zeitoun, spécialisé en proctologie au groupe hospitalier Diaconesses – Croix-Saint-Simon et à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), déplore notamment des prises de décision trop tardives de la part de ses patients.
Le cancer anal se guérit dans 70 à 90% des cas, si détecté précocement
Pourtant, affirme le docteur Zeitoun, “c’est plutôt un cancer de bon pronostic car il est associé à 70% de survie à 5 ans, ce qui est mieux que beaucoup de cancers, notamment que la plupart des cancers digestifs qui sont généralement de mauvais pronostic”.
Un taux de réussite pouvant même significativement grimper si la prise en charge arrive tôt dans le développement de la maladie : “Plus les patients consultent tôt, plus ils ont des chances d’être guéri de leur cancer à cinq ans. Lorsque ce cancer est détecté à un stade précoce, on a 90% de guérison à 5 ans, ce qui est très élevé. Donc oui, il y a potentiellement une perte de chances si les patients attendent trop et consultent trop tard et cela nous arrive tout le temps malheureusement… “
À ne pas confondre avec le cancer colorectal
S’il concerne une zone similaire, le cancer anal est cependant à différencier du cancer colorectal. Le gastroentérologue souligne que “neuf fois sur dix, c’est la partie interne de l’anus qui est touchée. Les symptômes ne sont pas spécifiques, ça peut ressembler à n’importe quelle autre maladie anale comme des hémorroïdes ou une fissure anale. Ça peut être des douleurs, des saignements, une gêne locale, des démangeaisons…c’est le fait que ça dure dans le temps qui doit attirer l’attention.”
La population apparaissant la plus à risque est celle des hommes jeunes, “en général quand ils sont séropositifs au VIH et/ou qu’ils ont des rapports avec des hommes”. Puisque dans environ 90% des cas, le cancer anal est lié au papillomavirus, le docteur Zeitoun recommande la vaccination comme moyen de protection à privilégier sur le long terme, avec une efficacité certaine déjà observée en Australie.