Burundi : le pays s’enfonce dans une crise qui risque de dégénérer
Jean Bikomagu, l'ancien chef d'état-major a été assassiné samedi 15 août. Ce meurtre qui intervient 2 semaines après la mort d'un proche du président a fait dangereusement monter la tension dans le pays.
Jean Bikomagu était une figure importante durant la guerre civile de la lutte contre la rébellion Hutue CNDD-FDD et qui est désormais au pouvoir. Il a été assassiné ce samedi en pleine rue dans le sud de Bujumbura, la capitale burundaise, par des inconnus alors qu’il s’apprêtait à rentrer dans son domicile. Ce meurtre intervient après celui du général Adolphe Nshimirimana qui était par ailleurs un proche du président Pierre Nkurunziza. Ces deux assassinats ont précipité le Burundi dans une profonde crise politique et a exacerbé les tensions déjà vives dans le pays.
Un réel risque de reprise des conflits ethniques
Sylvestre Ntibantuganya, qui fut président du pays de 1994 à 1996, ne souhaite en “aucun cas” voir le Burundi repartir “dans les affres de la violence politico-ethnique”. Il a donc appelé à “la responsabilité des uns et des autres” afin de “mettre très rapidement fin à cet engrenage qui commence” avant d’ajouter que les manifestations qui avaient eu lieu contre le troisième mandat ne doivent pas être utilisées et que “personne ne fasse verser cette crise dans des aspects d’ordre ethnique”.
Selon Sylvestre Ntibantuganya, les risques sont “tellement graves” que cela nécessite une réaction très rapide : “nous sommes dans un pays et dans une région qui sont profondément blessés sur cette matière, et la responsabilité exige que des mesures rapides soient prises pour que cette perspective n’arrive pas”. Depuis le mois d’avril, le pays a connu une tentative de coup d’état et des violences qui ont fait une centaine de victimes, notamment durant les manifestations contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.
L’Union Africaine lance une mise en garde
Hier dimanche, l’Union Africaine a lancé une véritable mise en garde contre les conséquences catastrophiques pour le Burundi mais aussi pour toute la région dans l’hypothèse ou un règlement pacifiste et rapide de la crise n’est pas trouvé.
Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de l’Union Africaine a appelé les deux partis à faire preuve d’une grande retenue. Elle a notamment insisté sur l’importance d’un dialogue afin de trouver une solution à la crise actuelle et de désamorcer la tension importante entre les deux factions.