Brexit : pourquoi ça coince au sujet de la pêche entre France et Royaume-Uni ?
Ce jour, Paris a lancé un ultimatum sur la question des licences accordées, dans certaines eaux britanniques, par Londres aux pêcheurs français.
Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni quittait effectivement l’Union européenne. Et quelques mois plus tard, plus précisément début mai, des dizaines de pêcheurs français débarquaient sur l’île anglo-normande de Jersey pour mettre la pression sur le gouvernement britannique.
Et ce 14 octobre, Paris donne huit jours à Londres pour que davantage de licences soient accordées aux pêcheurs français. Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, la veille au soir, indiquait au Sénat que si d’ici la date indiquée “nous n’avons pas de signaux britanniques concerts sur la question des licences (…) nous annoncerons des mesures de réponse, de réplique, ou de rétorsion”.
Une situation au point mort, mais pourquoi ?
Retour au 1er janvier 2021. À partir de ce jour, l’accord post-Brexit prévoyait que les pêcheurs européens soient en capacité de poursuivre leurs activités de pêche dans certaines eaux britanniques; une possibilité soumise à l’obtention d’une licence, elle-même soumise à l’apport de la preuve qu’ils y pêchaient auparavant. Seulement, Français et Britanniques sont loin d’être en accord sur la nature et l’ampleur des justificatifs qui doivent être fournis.
Pour la pêche au large de l’Angleterre, correspondant à 6 à 12 milles au large des côtes, soit 3,7 à 7,4 en kilomètres), Londres annonçait le 28 septembre un accord sur 12 licences supplémentaires sur un total de 47 demandées.
Au total, dans les zones de pêche encore disputées Londres et Jersey ont accordé un peu plus de 200 licences définitives, alors que Paris en souhaite encore 244. La situation dans les Hauts-de-France n’est pas simple non plus, les eaux britanniques étant au plus proches de la France.
Le coup d’éclat des pêcheurs français
Retour sur le jeudi 6 mai 2021, quand une soixantaine de marins-pêcheurs français se dirigeaient vers Jersey pour y exprimer leur colère. Et le ton n’avait pas tardé à grimper entre Londres et Paris. En effet, le premier a dépêché deux patrouilleurs, “une mesure préventive” pour Londres, quand Paris faisait de même, afin de garantir “la sécurité de la navigation et la sauvegarde de la vie humaine en mer”. Et l’affaire en était restée là.
Quels types de répliques ?
“Nous avons été très patients, trop patients […] Les Britanniques ne veulent pas donner un certain nombre de licences non pas parce qu’ils manquent d’informations mais parce qu’ils ont fait ce choix politique”, a tonné Clément Beaune en précisant que les mesures de Paris pourraient être “nationales ou européennes”. Il pourrait par exemple s’agir de réduire les livraisons d’électricité à Jersey ou encore de sévir dans le secteur financier ou de la recherche.
La menace de couper le courant sur l’île de Jersey avait déjà été brandie par la ministre de la Mer, Annick Girardin au mois de mai. Et un porte-parole du gouvernement britannique avait qualifié les menaces de “clairement inacceptables et disproportionnées”. Annick Girardin avait aussi évoqué “des droits de douane sur les produits britanniques” voire “de mettre fin à l’accord pêche, à celui du commerce, du transport et de l’aviation simultanément”. Il reste désormais à connaître la réaction de Londres à l’ultimatum de Clément Beaune.