Béziers : accusé d’instrumentaliser Jean Moulin, Robert Ménard réplique
Dans une lettre écrite par 29 professeurs d'histoire et qui lui était adressée, Robert Ménard était accusé d'instrumentaliser le résistant français Jean Moulin. Le maire de Béziers répond aujourd'hui à la missive.
Il y a quelques jours de cela, 29 professeurs d’histoire de Béziers prenaient la plume pour rédiger une lettre adressée au maire de la commune Robert Ménard. Dans cette missive, les enseignants invitaient l’élu à prendre une résolution d’importance pour cette nouvelle année : “Que vous cessiez de ‘torturer’ la mémoire de Jean Moulin et que vous laissiez ses mânes reposer définitivement en paix.”
Le 9 décembre dernier, Robert Ménard avait ainsi posté sur le réseau social Twitter : “Trop souvent, ceux qui nous attaquent se dissimulent derrière la figure de Jean Moulin. Ces gens-là sont des faussaires”. Avant d’y déclarer quelques heures plus tard : “Dimanche, au nom de Jean Moulin, au nom de la République, nous ferons barrage à la gauche”. Les professeurs rappelent dans leur lettre “qu’en son temps, Jean Moulin – dont le père était professeur d’histoire à Béziers – avait fait le choix lucide et courageux de ne pas se soumettre à une idéologie reposant sur l’exclusion, la division et la fascination malsaine pour un passé idéalisé.”
Robert Ménard accusé d’instrumentaliser Jean Moulin : la longue réponse de l’élu
Trois jours après la publication de cette lettre, le maire de Béziers y répond longuement dans un texte paru chez nos confrères de Midi Libre : “Ainsi donc, ces enseignants du lycée Jean-Moulin m’accusent ‘d’instrumentaliser’ et de ‘retricoter’ l’Histoire dans un but ‘polémique’. Sans qu’ils s’en rendent compte sans doute, ils révèlent ainsi la nature profonde de leur structure intellectuelle : le refus du débat, le refus de la confrontation des idées. Ils y ajoutent le procès en légitimité, propre à la pensée de gauche, qui exclut l’Autre à partir du moment où celui-ci ose penser l’Histoire différemment, ose envisager son enseignement autrement qu’il est pratiqué depuis mai 68.”
Des enseignants à qui il est reproché de faire “un procès politique à la mairie”
Dans le paragraphe consacré à Jean Moulin, Robert Ménard enchaîne les questionnements sur la réappropriation du résistant : “Alors à qui appartient Jean Moulin ? D’abord et avant tout à l’histoire de France. Il est le symbole d’un Français qui meurt pour que son pays ne soit pas occupé par une armée étrangère. À qui ne peut pas appartenir Jean Moulin ? À ceux qui vendent notre pays, à ceux qui le pillent. Comme à ceux qui trouvent des excuses aux pillards et aux vendus. L’autre point important sur Jean Moulin est plus factuel. La Ville va créer un musée historique qui lui sera entièrement consacré. Alors que son appartement natal était dans un état déplorable, il va être restauré. Et quel est le premier mouvement de ces enseignants de Jean Moulin ? Se réjouir ? Non ! C’est de faire un procès moral, un procès historique, un procès politique à la mairie !” Avant d’émettre le vœu que les signataires de la lettre du 15 janvier “transmettent à leurs élèves l’amour de la France, une France qui n’a commencé ni en 1968, ni en 1789. Qu’ils forment des citoyens, des citoyens fiers de leur pays, fiers de leur identité.”