Besançon : 8 mois de prison avec sursis requis contre un jeune pirate qui partageait d’innombrables épisodes de séries
Pendant trois ans, l'étudiant a proposé gratuitement près de 500 séries américaines ou françaises. Le jugement du tribunal correctionnel a été mis en délibéré.
Seriefr.eu a été mise en ligne en 2014. Cette plateforme de streaming illégale a attiré pendant plusieurs années des millions d’internautes. Et pour cause, puisqu’il permettait de visionner gratuitement d’innombrables épisodes de séries. Le visionnage était cependant régulièrement interrompu par l’irruption de publicités, générant des revenus à celui qui avait créé le site, un étudiant de 22 ans originaire du Haut-Doubs. Mercredi, en compagnie de six autres personnes, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Besançon pour “contrefaçon d’œuvres audiovisuelles en bande organisée”.
Un étudiant très doué
À la fin de l’année 2017, l’association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa) découvre le pot aux roses et le Laboratoire d’Investigation Opérationnelle du Numérique de la Police Judiciaire (DIPJ) de Dijon se saisit alors de l’affaire. Au printemps dernier, le jeune homme qui est étudiant en Master 2 ingénierie des Systèmes Complexes est interpellé avec six autres personnes. Ces derniers ont accusés d’avoir fourni les fichiers vidéos.
La création de la plateforme ne relevait pas d’un simple “bidouillage”, comme l’a rappelé la présidente du tribunal. Elle était l’oeuvre d’un étudiant brillant, qui a mis au point “un truc de professionnels, extrêmement élaboré, à super grande échelle en fait. Il a travaillé avec 12 sites miroirs“, a ensuite précisé Sophie Fouche dont les mots sont rapportés par France3 Bourgogne-Franche-Comté.
Un bénéfice net de 30.000 euros
La visite d’en moyenne 700.000 visiteurs uniques chaque mois a généré des dizaines de milliers d’euros de bénéfices, une manne servant principalement à louer les serveurs hébergeant les séries. Mais l’étudiant a tout de même gardé 30.000 euros. Pour le procureur de la République, le jeune homme “a eu le comportement symptomatique d’une génération tellement passionnée par le monde de l’informatique qu’ils en viennent à oublier le réel”.
Selon son avocat, “Il a joué avec le feu […] Mais je pense qu’il a un profil qui peut intéresser et qu’il peut se rendre utile dans le bon sens dans la lutte contre la cybercriminalité”. Le jugement a été mis en délibéré au 15 janvier prochain. Huit mois de prison avec sursis ont été requis contre le principal accusé.