Australie : la Une des journaux noircie pour protester contre la censure
Les titres nationaux et régionaux demandent que les journalistes ne soient pas soumis à la législation très stricte en matière de sécurité nationale. D'après eux, leur travail s'en trouve singulièrement compliqué.
« Quand le gouvernement vous cache la vérité, qu’est-ce qu’il vous cache ? ». Ce matin, les lecteurs des titres de presse australiens ont vu la Une de leurs titres préférés recouverte plus ou moins intégralement d’encre noire. Une façon de protester contre le recul de la liberté de la presse et la culture du secret qui prévaut selon eux au sein du gouvernement.
Des opérations de police contestées
Il y a quelques mois, des descentes de police avaient été menées au sein de la chaîne nationale ABC et au domicile d’une journaliste de News Corp, Annika Smethurst. Cette dernière avait publié deux informations embarrassantes pour le gouvernement. Pour Paul Murphy, chef du syndicat Media Entertainment and Arts Alliance, « Les opérations de police au domicile de la journaliste de News Corp, Annika Smethurst, et au siège d’ABC à Sydney sont des attaques portées à la liberté de la presse en Australie mais elles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg ».
Et il ajoute : « La culture du secret qui découle de ces dispositions légales restreint le droit de tout Australien à être informé et cela va bien au-delà de l’intention de départ qui était la préservation de la sécurité nationale ».
D’éventuelles poursuites criminelles
Des poursuites criminelles, consécutives de ces perquisitions, sont susceptibles de toucher trois journalistes : Annika Smethurst pour avoir révélé que le gouvernement envisageait d’espionner les Australiens, ainsi que deux journalistes d’ABC, qui avaient quant à eux dénoncé des crimes de guerre commis selon eux par les forces spéciales australiennes en Afghanistan.
Les groupes médiatiques souhaitent également une meilleure protection des lanceurs d’alertes et de la liberté d’informer. Tout comme une réforme des lois sur la diffamation, complexes et parmi les plus strictes du globe. En effet, l’Australie n’a pas de déclaration des droits ni de protection constitutionnelle de la liberté d’expression.
Et si le premier ministre Scott Morrison a affirmé que son gouvernement « croirait toujours en la liberté de la presse », il a aussi indiqué que les journalistes ne sont pas au-dessus des lois.
The nation’s media companies have united in a campaign calling for greater freedom following a sustained attack on the rights of journalists. #righttoknow #auspol https://t.co/F4buEVshyD
— Australian Media (@aus_media) October 21, 2019