Arthrose : le risque d’un traitement déremboursé
Les autorités sanitaires pourraient décider d'un déremboursement d'un traitement contre l'arthrose. Pour un professionnel de santé interrogé sur la question, "toute une tranche de la population" serait alors privée de ces soins.
Si la décision ne semble pas avoir encore été prise, les autorités sanitaires envisagent cependant de stopper le remboursement d’un traitement contre l’arthrose : la visco-supplémentation consistant à injecter de l’acide hyaluronique dans une articulation posant problème.
En juillet dernier, la Direction générale de la Santé (DGS) et la Direction de la Sécurité sociale (DSS) avaient ainsi envoyé une « lettre d’intention de déremboursement » aux laboratoires vendant ces traitements sur le marché. Une nouvelle qui n’avait alors pas du tout réjoui l’Association de lutte anti-rhumatismale (AFLAR), la principale association de patients.
Traitement déremboursé de l’arthrose : un médecin « choqué »
Cité par Pourquoi Docteur ?, le docteur Patrick Sichère officiant au Centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) estime aujourd’hui que si le traitement n’est plus remboursé, ce sont nombre de patients qui se retrouveront démunis :
« Je connais bien le dossier puisque j’ai participé à la décision de le rembourser il y a plusieurs années. S’il n’est plus remboursé, toute une tranche de la population ne pourra plus en bénéficier. On risque de renforcer la médecine à deux vitesses. En tant que médecin, cela me choque. Je peux comprendre qu’on baisse le taux de remboursement pour des raisons financières. Mais que le traitement devienne un luxe me semble inacceptable. »
Des économies déjà faites « sur le moral »
D’autant plus que la visco-supplémentation ne se veut pas un traitement annexe ou négligeable dans la prise en charge de l’arthrose : « À l’heure actuelle, c’est le seul traitement efficace de l’arthrose. On arrive à ne plus voir le patient pendant deux ans, voire plus. L’acide hyaluronique existe naturellement dans le genou, et il disparaît avec l’arthrose. La visco-supplémentation consiste à remettre un équivalent dans l’articulation. »
Le docteur Sichère semble enfin considérer que des économies sont déjà réalisées par le recours à la visco-supplémentation : « En France, on pose deux fois moins de prothèses qu’en Allemagne grâce à la visco-supplémentation. Les patients consomment moins d’anti-inflammatoires, moins d’antalgiques. Mais elle permet aussi des économies sur le moral, si je puis dire. Quand quelqu’un souffre d’arthrose, il ne peut plus faire d’activité physique, ou même ses courses. C’est aussi une atteinte morale. Avec la visco-supplémentation, on améliore le confort et donc le bien-être, ce qui peut limiter l’apparition d’autres troubles, tels que des dépressions. »