Après la fermeture de nombreux magasins, Pimkie relance son activité sur la plateforme Shein

Après avoir fermé près de cent boutiques en France, Pimkie fait son retour en s’associant à la plateforme chinoise Shein. Cette collaboration marque une nouvelle étape pour la marque française, désormais présente sur le marché mondial de la mode en ligne.

Un secteur sous tension : l’alliance contestée entre Pimkie et Shein

Le monde du prêt-à-porter français traverse une période d’incertitude rarement atteinte. Après les faillites successives d’enseignes telles que Camaïeu, San Marina ou encore Kookaï, le partenariat récemment scellé entre Pimkie et la plateforme chinoise Shein, annoncé officiellement le 16 septembre 2025 par le média 20 Minutes, fait grincer bien des dents dans la filière. Pour beaucoup, cette alliance symbolise la crise profonde qui ébranle le secteur.

Pimkie et Shein : un mariage de raison critiqué

À l’origine de ce rapprochement, une volonté affichée de survie économique. Fragilisée par deux plans sociaux et placée sous procédure de sauvegarde, l’enseigne fondée en 1971, qui compte aujourd’hui près de 200 magasins et plus de 700 salariés en France, rejoint ainsi le programme « Shein Xcelerator ». L’objectif ? Distribuer ses collections dans plus de 160 pays. Pourtant, la pilule ne passe pas auprès des fédérations du textile hexagonal. Dénonçant un accord qui va à l’encontre des efforts entrepris pour encadrer les pratiques du secteur, l’Alliance du Commerce s’emporte : « Le choix de Pimkie d’ouvrir ses portes à Shein est un signal inacceptable. » Et d’ajouter avec sévérité : « On ne peut pas normaliser un partenariat avec un acteur qui ne respecte aucune des règles que les autres enseignes s’efforcent d’appliquer. »

Déséquilibre commercial et pression environnementale croissante

Cette vague d’annonces intervient alors que les fermetures d’enseignes se multiplient dans l’Hexagone. Touché de plein fouet par l’inflation, le repli du pouvoir d’achat et la concurrence effrénée des plateformes asiatiques telles que Shein, mais aussi Temu ou encore AliExpress, le secteur peine à négocier sa survie, comme le souligne Mario Jorge Machado, président d’Euratex. Les chiffres impressionnent : en 2024, près de 4,5 milliards de colis ont été importés dans l’Union européenne via ces géants numériques – une logistique qui contribue à la saturation du marché européen tout en aggravant la crise des déchets textiles.

Pour mesurer l’ampleur du phénomène, il suffit de rappeler quelques données marquantes :

• 43,8 millions d’euros investis en publicité par Shein en France en 2023 ;
• 27,5 millions d’euros dépensés par Temu sur la même période ;
• Mille emplois menacés rien qu’en France dans le prêt-à-porter.

L’Europe tente une riposte face aux géants asiatiques

Consciente du déséquilibre grandissant, une coalition comprenant l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la France a décidé d’interpeller Bruxelles via une lettre ouverte. À travers cette démarche commune auprès de la Commission européenne, il s’agit autant de dénoncer une forme persistante de concurrence déloyale que d’appeler à un sursaut réglementaire face aux problèmes environnementaux et sociaux engendrés par cette nouvelle donne commerciale. Reste à savoir si ces initiatives suffiront à inverser une tendance désormais mondialisée.