Les anti-IVG profitent de la clause de conscience chez les pharmaciens
L’éventuelle introduction d’une clause de conscience fait débat chez les pharmaciens et est l’objet d’une nouvelle consultation au sein de la profession. Les anti-IVG se sont en effet introduits dans le débat, soulevant l'indignation de l’Ordre national des pharmaciens.
La question suscite la polémique chez les pharmaciens : « Et si les pharmaciens avaient le pouvoir de refuser de délivrer des moyens de contraception ou la pilule du lendemain ?” Un débat relancé en mars dernier alors qu’une officine de Gironde avait refusé de vendre des contraceptifs.
Depuis quelques jours, les réseaux sociaux relaient une disposition du projet de nouveau code de déontologie de la profession à propos du « cas de conscience » des pharmaciens. Les anti-IVG ont sauté sur l’occasion pour faire entendre leur voix, provoquant la colère de la présidente de l’Ordre des pharmaciens.
Un article du code de déontologie divise
Voici en substance, l’article qui divise la profession : « Sans préjudice du droit des patients à l’accès ou à la continuité des soins, le pharmacien peut refuser d’effectuer un acte pharmaceutique susceptible d’attenter à la vie humaine. Il doit alors informer le patient et tout mettre en œuvre pour s’assurer que celui-ci sera pris en charge sans délai par un autre pharmacien. Si tel n’est pas le cas, le pharmacien est tenu d’accomplir l’acte pharmaceutique. »
Un article destiné aux pratiques concernant la fin de vie, mais les opposants à l’IVG ont sauté sur l’occasion pour l’adapter à la problématique des contraceptifs. Certains praticiens pourraient donc se servir de cette clause sur le cas de conscience pour refuser de délivrer des contraceptifs pour des motifs religieux par exemple. Une version appuyée malgré elle par la ministre des Familles Laurence Rossignol, qui dans un communiqué a demandé à l’Ordre “de clarifier l’objet de cette consultation et de réaffirmer l’attachement de l’Ordre à assurer aux femmes leur autonomie”.
L’Ordre des pharmaciens s’indigne
Isabelle Adenot, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, interviewée par Les Nouvelles news a vivement réagi «C’est de la désinformation totale! La problématique de la clause de conscience n’était pas du tout située autour de la contraception, mais bien de la fin de vie! C’est une question que les pharmaciens du monde entier se posent. Cet emballement est un comble».
Une consultation nationale sur la question a été lancée par l’Ordre des pharmaciens auprès des 75 000 praticiens français membres. Le Conseil national de l’Ordre se réunira le 5 septembre pour décider du sort donné au nouveau code de déontologie. Il soumettra ensuite ce dernier au ministère de la Santé, avant un décret en conseil d’État.