Amélie Nothomb se livre sur l’anorexie dont elle a souffert adolescente
Avec Le livre des soeurs, Amélie Nothomb veut sensibiliser autour de l'anorexie, une maladie dont elle a souffert adolescente.
Comme chaque année, pour la rentrée littéraire, un nouveau roman d’Amélie Nothomb. Depuis le 17 août, c’est Le livre des sœurs que les lecteurs peuvent découvrir, et avec ce dernier, une relation très forte entre deux sœurs et la maladie. Une maladie que la romancière a connue pendant son adolescence, l’anorexie.
Avec Le livre des sœurs, Amélie Nothomb veut sensibiliser autour de l’anorexie
“J’aimerais les aider, mais je n’ai pas les clefs. Le seul message d’espoir que je peux leur envoyer : je suis la preuve qu’on peut guérir à 100 % de l’anorexie, raconte-t-elle, émue. Quand j’avais 15 ans, j’aurais tout donné pour que quelqu’un vienne me dire qu’on peut s’en sortir. […] Durant mon adolescence, la nourriture était devenue une inquiétante étrangeté. J’aurais très mal tourné. Je ne sais pas comment ; peut-être en me suicidant ou en devenant serial killer.” C’est notamment grâce à l’amour inconditionnel de sa sœur qu’Amélie Nothomb a pu s’en sortir.
Et c’est ce lien, justement, qui est le thème central de ce nouveau roman. Entre éléments de vie personnelle et éléments imaginés, l’anorexie est vécue à travers Cosette, la cousine des deux sœurs. Pour Amélie Nothomb, la maladie est née d’un événement traumatisant, une agression sexuelle à l’âge de 12 ans, au Bangladesh : “D’un coup, j’ai découvert la puberté, la violence, la haine de soi, la haine tout court, la fatigue et le froid”, confiait-elle.
Une maladie dont elle a souffert adolescente
Et pire encore fut la situation lorsqu’elle en a parlé : “Subsiste toujours l’idée que la victime est en réalité coupable. Ce n’est pas pour rien que j’ai si mal vécu cette histoire. On me renvoyait une culpabilité que j’ai fini par intégrer.” Dès lors, elle avait ce sentiment de vivre avec “une sorte de monstre intérieur générateur d’angoisse.” Et aujourd’hui, elle est totalement aseptisée, ou presque : “Quand il est question de ces personnes qui m’ont fait du mal, j’éprouve un profond néant. Je ne me suis jamais inscrite dans un discours victimaire, et cela m’a permis d’avancer. Ma vie est très difficile, mais je suis quelqu’un d’heureux aujourd’hui.”
Avec Le livre des sœurs, Amélie Nothomb entend bien sensibiliser autour de cette maladie : “Il est hors de question que je valorise l’anorexie. Trop de gens l’idéalisent en pensant qu’il y a quelque intérêt à y trouver. C’est faux ! Elle fait des ravages. Je serais quelqu’un de bien mieux si je n’avais pas été anorexique.”