Allemagne : un journaliste du Spiegel falsifiait ses articles depuis des années
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel vient de dénoncer l'un de ses journalistes, responsable selon la publication d'avoir falsifié quantité de ses articles. Claas Relotius aurait invoqué "la peur de l'échec" pour justifier ses papiers toujours plus trompeurs.
Cette affaire ne devait pas améliorer la relation entre la presse et son lectorat, même s’il convient de souligner que c’est la publication mise en défaut qui a elle-même révélé le scandale. Mercredi, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a ainsi publié sur son site internet un copieux article dénonçant l’un de ses journalistes.
Claas Relotius, 33 ans, avait obtenu le 3 décembre dernier, à Berlin, le prix du meilleur reportage de l’année pour un article sur la guerre en Syrie daté de juin. Mercredi, Der Spiegel affirme que « toutes les sources » du journaliste pour la réalisation de cet article sont « douteuses » et que « beaucoup de choses sont purement imaginées, inventées, mensongères. Citations, lieux, scènes, personnages soi-disant de chair et de sang. Du faux. »
Der Spiegel : un journaliste primé falsifiait ses articles par « peur de l’échec »
L’article poursuit en précisant que si un certain nombres de papiers de Claas Relotius demeurent solides et dénués de la moindre infox, d’autres s’avèrent en revanche « complètement inventés ». Pour le principal concerné, qui s’est exprimé jeudi sur le sujet, ce qui importait le plus pour lui n’était pas de couvrir « le prochain scandale », mais bien « la peur de l’échec ».
Et d’ajouter : « La pression de ne pas échouer grandissait au fur et à mesure que j’acquérais du succès. »
Une commission mise en place pour garantir la précision de l’info
L’hebdomadaire avait commencé à sentir une odeur de soufre en son sein après qu’un autre de ses journalistes, co-signataire d’un article de mi-novembre avec Claas Relotius, avait émis des doutes quant à la véracité des faits alors relatés par son collègue. Dans un premier temps, Claas Relotius a nié ces accusations, avant de reconnaître ses falsifications.
En tout, c’est au moins quatorze de sa soixantaine d’articles écrits pour le Spiegel qui n’apparaissent définitivement plus fiables.
Claas Relotius ne fait aujourd’hui plus partie du quotidien, qui reconnaît là le » coup dur » ainsi porté à ses 70 ans d’histoire. Pour éviter une nouvelle situation similaire, Der Spiegel a annoncé la mise en place d’une « commission de trois journalistes expérimentés », dont l’un extérieur au groupe, visant à vérifier d’éventuelles falsifications et à proposer de meilleures procédures d’authentification de telles fraudes.