Abus sexuels au sein de l’Eglise : qu’est-ce que la commission Sauvé ?
C'est aujourd'hui que le rapport de 2 500 pages est remis par les 22 membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise.
Deux ans et demi après avoir été constituée, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) rend donc son rapport ce jour. Si jusqu’à la dernière minute son contenu doit rester secret, l’AFP a été informée du fait qu’“entre 2 900 et 3 200 pédocriminels” hommes (qu’ils fussent prêtres ou religieux) ont sévi dans l’Eglise catholique en France depuis 1950.
Que faut-il savoir sur cette Ciase, également appelée commission Sauvé du nom de son président ?
Les membres de la Ciase
C’est au mois de novembre 2018 que la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) mettent en place la commission. Elle est constituée de 12 hommes et 10 femmes, et viennent d’horizons divers (juridique, médical, psychologie et psychiatrie, social, protection de l’enfance, histoire et sciences sociales entre autres). Elle mêle croyants, agnostiques et athées.
Son président est Jean-Marc Sauvé, 72 ans, qui fut vice-président du Conseil d’Etat de 2006 à 2018, année de sa retraite.
La mission de la commission Sauvé
Dans sa lettre de mission, le commission indépendante avait pour but de “faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables dans l’Eglise catholique depuis 1950”.
Sur son site, la commission précise que sa première vocation était de “recenser et établir les faits”, en particulier par le biais de l’écoute des victimes. Puis, jauger les “suites réservées, ou pas, aux abus sexuels constatés” tout comme examiner “les mécanismes, notamment institutionnels et culturels, ayant permis qu’aient pu être commis des abus sexuels”.
Enfin, “faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000 par l’Eglise. Cependant, “elle n’a pas pour mission d’établir des responsabilités personnelles”.
L’écoute des victimes
En ce qui concerne tout particulièrement la phase d’écoutes, un appel à témoigner a été lancé en juin 2019 par le biais d’une plateforme téléphonique. Pendant 17 mois, 6 500 victimes ou proches de victimes ont pris contact, parmi elles 3 000 victimes. Dans le même temps, 250 auditions longues ont été effectuées.
La même année, en novembre, 14 grandes villes ont été le théâtre d’un tour de France visant à communiquer sur la démarche de la commission et collecter des témoignages.
En parallèle, une large enquête
Plus largement, une vaste enquête a été menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) auprès de 30 000 personnes représentatives de la population française. En 2020, le président de la Ciase indiquait que l’enquête avait pour but de quantifier les abus sexuels dans l’Eglise catholique “dans le contexte plus général des abus sexuels dans la société”. Enfin, une recherche dans les archives de l’Eglise catholique et des ministères de la Justice et de l’Intérieur a aussi été effectuée.
“Le plus terrible pour moi aura été de voir le mal le plus absolu – l’atteinte à l’intégrité physique et psychique d’enfants -, c’est-à-dire une oeuvre de mort, perpétrée par des personnes dont la mission était d’apporter la vie et le salut”, a indiqué Jean-Marc Sauvé avant la remise du rapport tant attendu, mais aussi tant redouté par l’ampleur et la gravité des faits qu’il renferme. Le nombre de victimes est effrayant, puisqu’estimé à 200 000, au minimum.