Prison France : “un lieu vide d’activité et de sens” pour certains détenus
Le sociologue Didier Fassin vient de sortir un livre rapportant son expérience vécue dans une maison d'arrêt de la région parisienne.
Après la publication d’une enquête, en 2011, qui portait sur une opposition entre les policiers et les jeunes des banlieues, Didier Fassin revient en 2015 avec un livre intitulé “L’Ombre du monde”. Avec cet ouvrage, le 25ème de sa carrière, le sociologue rapporte son ressenti après plusieurs mois passés, entre 2009 et 2013, au sein d’une maison d’arrêt.
Libération s’est entretenu avec Didier Fassin dans le but supposé que celui-ci précise davantage sa vision des prisons françaises. Il en ressort par exemple, sans réelle surprise, que “la prison est un monde essentiellement masculin”, à la fois par le genre de ses résidents et également via des comportements très virils accentués par des pratiques de l’institution jugées “humiliantes”.
Prisons : l’obsession de la sécurité, le vrai mal des détenus ?
Selon Didier Fassin, les détenus souffriraient particulièrement de “la croissante obsession sécuritaire”, se traduisant par de multiples vérifications et autres contraintes que “la bonne volonté d’un directeur, la cordialité d’un surveillant” et “le dévouement d’une conseillère d’insertion et de probation” ne pourraient contrer.
Des magistrats déconnectés de la réalité carcérale ?
Dans son livre, le sociologue décrit la prison comme “un lieu vide de sens”, ce qui semble apparaître telle une vérité pour les prisonniers “sanctionnés pour des faits mineurs” et ne pouvant réellement bénéficier d’un retour à la vie sociale. Des employés pénitentiaires auraient d’ailleurs déploré auprès de Didier Fassin que des peines d’emprisonnement ferme soient encore et toujours prononcées en raison d’un “choc supposé bénéfique de l’incarcération”.