Jonathan Franzen : l’écrivain reconnaît n’avoir “pas beaucoup d’amis noirs”
Dans un entretien récemment publié, le romancier américain Jonathan Franzen avoue n'avoir "pas beaucoup d'amis noirs", la raison pour laquelle il n'a pas, selon lui, écrit de livre sur la question raciale.
Depuis de longs mois, des Afro-Américains sont ciblés par des faits divers parfois, pour ne pas dire souvent, mortels. La couleur, ou plutôt la noirceur, apparaît ainsi tel une problématique vivace aux États-Unis dont le traitement par les artistes, les philosophes et les essayistes semble s’imposer de lui-même.
Dans un entretien accordé à Slate.com et publié dimanche dernier, il est demandé au romancier américain Jonathan Franzen s’il envisage de débuter l’écriture d’un ouvrage portant sur la question raciale : “J’y ai pensé, mais – c’est une confession embarrassante –, je n’ai pas beaucoup d’amis noirs. Je n’ai jamais été amoureux d’une femme noire. Je pense que si ça se produisait, je pourrais oser [écrire sur la question raciale].”
Question raciale : Franzen n’ose pas écrire par manque d’expérience
Relancé par son interlocuteur, l’écrivain explique ainsi ne pas s’être “marié dans une famille noire. J’écris sur des personnages, et je dois aimer le personnage pour écrire sur lui. Si vous n’avez pas eu d’expérience directe de sentiments amoureux envers une catégorie de personnes – une personne d’une autre race, ou de profondément religieuse, des choses qui marquent de véritables différences entre les gens, – je pense qu’il est très difficile d’oser, ou même de nécessairement vouloir écrire du point de vue de cette personne.”
But even without a single character of color, all of his books are about race. I wish reviewers understood this.
— Angela Flournoy (@angelaflournoy) August 1, 2016
Le romancier contesté par une collègue afro-américaine
Pourtant, pour la romancière afro-américaine Angela Flournoy, les ouvrages de Jonathan Franzen ne parlent que de races. Sur le réseau social Twitter, elle a ainsi déclaré que “tous les livres de Franzen traitent des questions raciales. ‘Les Corrections’ [NDLR : sorti en 2001] se terminent sur un homme blanc atteint de démence qui réprimande son aide-soignant noir. ‘Freedom’ [2010]] jette une femme indienne d’une falaise pour l’amour d’un Blanc. Mais même sans personnage de couleur, tous ses livres traitent des questions raciales. J’aimerais que les critiques comprennent cela“.