Vin : la nomination d’une ex-lobbyiste en tant que conseillère de Macron inquiète les addictologues
Désormais conseillère agriculture du président Macron, Audrey Bourolleau inquiète les addictologues de par sa relation, visiblement toujours maintenue, avec la filière viticole.
Audrey Bourolleau est désormais conseillère agriculture, pêche, forêt et développement rural auprès d’Emmanuel Macron. Elle était précédemment déléguée générale de Vin & Société, “une structure unique qui fédère et représente l’ensemble des acteurs de la filière viticole française : production, négoce et interprofessions”.
Et si Mme Bourolleau a démissionné de l’association qu’elle représentait depuis 2012, des addictologues nourrissent des craintes quant à sa nomination au sein du gouvernement. Dans un communiqué publié vendredi sur le site de l’A.N.P.A.A. (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie), “17 associations et acteurs de santé publique tirent la sonnette d’alarme.”
Ex-lobbyiste du vin conseillère de Macron : conflits d’intérêts ?
Les auteurs du texte craignent ainsi que ne surgissent des “conflits d’intérêts” :
“Audrey Bourolleau dirigeait depuis 2012 Vin et Société, association qui regroupe l’ensemble de la viticulture, et défendait, à ce titre, les intérêts de la filière à travers des stratégies de lobbying très offensives. Même si elle a démissionné de son association, les risques de conflits d’intérêts dans ses nouvelles fonctions ne peuvent être écartés. En vertu de la définition issue de la loi sur la transparence de la vie publique[1], l’apparence du conflit suffit en effet à le caractériser.”
Et d’ajouter que “pour les acteurs de santé publique, le risque est que la politique agricole et viticole se fasse au détriment d’une politique efficace de lutte contre les consommations nocives d’alcool. Preuve que cette inquiétude est fondée, la filière viticole s’était déjà réjouie de son rôle dans la campagne d’Emmanuel Macron et l’en avait remerciée. Elle s’est aujourd’hui dite soulagée de sa nomination à l’Élysée.”
Alcool, “2e cause de mortalité évitable après le tabac”
Ces acteurs de santé et associations dressent six points de discussion découlant de la nomination d’Audrey Bourolleau en tant que conseillère agriculture du président Macron. Le premier concerne la nocivité de l’alcool qui s’observe ainsi “dès le premier verre”. Il est ensuite rappelé que l’alcool est la “2e cause de mortalité évitable après le tabac pour un coût social estimé à 118 milliards d’euros”.
Troisième interrogation soulevée par le communiqué, celle d’une filière alcool en France qui minimiserait les risques d’une consommation d’alcool sur la santé. Une filière qui, de plus, “essaie de se substituer aux acteurs de santé et revendique sa légitimité à être un acteur de prévention”. Toujours selon ces signataires, la loi Évin a été progressivement affaiblie de par les actions de lobbying menées par les producteurs d’alcool. Enfin, est mentionnée une pratique “bien connue en matière de lobbying” qui est celle de “l’entrisme au sein des instances de décisions.”
Nos confrères de L’Express ont au passage relevé que le profil LinkedIn d’Audrey Bourolleau la mentionne toujours, du moins jusqu’à l’écriture de ces lignes, comme déléguée générale de Vin & Société.