Vietnam : la reine déchue de l’immobilier condamnée à mort pour fraude
La dirigeante d'une importante entreprise immobilière vietnamienne a été condamnée à mort par un tribunal de Hô Chi Minh-Ville, pour avoir détourné environ 12 milliards d'euros.
Tl;dr
- Truong My Lan, ancienne patronne du géant de l’immobilier vietnamien Van Thinh Phat, a été condamnée à mort pour avoir détourné près de 12 milliards d’euros.
- Elle est accusée d’avoir escroqué environ 42 000 personnes entre 2012 et 2022 par le biais de la Saigon Commercial Bank (SCB).
- L’argent détourné aurait alimenté son train de vie luxueux et servi à la corruption.
- L’affaire a secoué la confiance dans les institutions bancaires au Vietnam et a poussé les gens à investir dans l’or.
Truong My Lan, autrefois à la tête du conglomérat immobilier Van Thinh Phat, a été condamnée à la peine capitale par le tribunal d’Hô Chi Minh-Ville, une sentence rare pour des infractions financières au Vietnam.
Les actions de cette femme d’affaires « ont érodé la confiance des gens dans la direction du Parti (communiste) et de l’Etat, » a estimé le jury, selon les médias d’Etat, et ont également entraîné des répercussions sur l’ensemble de l’économie du pays.
Un scandale immobilier d’une ampleur inégalée
Selon les accusations portées contre elle, Truong My Lan est coupable d’avoir escroqué près de 42 000 victimes au cours de la dernière décennie, par l’intermédiaire de la Saigon Commercial Bank (SCB).
Elle a réussi cette fraude en émettant des obligations par le biais de la SCB, qui était détenue à plus de 90 % par son entreprise, et ce, avec la complicité des fonctionnaires chargés de superviser le secteur bancaire. Le montant détourné – plus de 11,5 milliards d’euros – a été utilisé pour financer son style de vie luxueux.
Conséquences dramatiques pour les victimes
Depuis son arrestation en octobre 2022, les clients de la SCB ont vu leurs économies disparaître. Un exemple frappant est celui de Nga, une infirmière à la retraite qui avait placé toutes ses économies, environ 120 000 dollars, dans des obligations du groupe Van Thinh Phat. “Je voulais utiliser l’argent pour l’entretien de notre maison, pour aider mes enfants”, a exprimé Nga sous pseudonyme.
Un cas symptomatique d’une corruption plus vaste
Cette affaire révèle également le manque de transparence et de régulation efficace du système bancaire vietnamien. L’analyste Linh Nguyen se demande : “Y a-t-il d’autres cas similaires dans le pays ?” Le manque de confiance a poussé les citoyens vietnamiens à se tourner vers l’or comme investissement de sécurité.
De plus, l’affaire illustre bien que de puissants acteurs privés peuvent imposer leurs intérêts au détriment des épargnants. Ainsi, les efforts actuels du gouvernement vietnamien pour lutter contre la corruption chez les dirigeants et les élites économiques ne sont peut-être que la pointe de l’iceberg.