Une task force et des milliards pour contrôler l’IA aux USA

Image d'illustration. IAADN
À la demande de Donald Trump, Washington impose sa ligne sur l’intelligence artificielle et limite l’autonomie des États.
Tl;dr
- Le président des États-Unis Donald Trump impose une régulation fédérale de l’IA, limitant le pouvoir législatif des États pour favoriser l’innovation des entreprises américaines.
- Une task force spéciale et des pressions financières via le programme BEAD visent à contrer les lois locales jugées trop contraignantes.
- Le décret provoque de vives critiques, accusé de restreindre la démocratie et la transparence, alors que le débat sur le contrôle de l’IA reste ouvert.
Une bataille pour contrôler l’intelligence artificielle
La volonté de centraliser la régulation de l’intelligence artificielle aux États-Unis se heurte de nouveau à une vive contestation. En fin de semaine, Donald Trump a signé un décret présidentiel qui écarte explicitement le droit des États fédérés à légiférer indépendamment sur cette technologie émergente. Un objectif affiché, résumé sans détour dans le texte : « Pour gagner, les entreprises américaines d’IA doivent être libres d’innover sans régulation contraignante. Mais une réglementation excessive des États va à l’encontre de cet impératif. »
Pression économique : le BEAD au service du décret
Point central du décret : la création d’une AI Litigation Task Force, chargée de s’opposer systématiquement à toute loi régionale jugée incompatible avec la ligne présidentielle. La coordination doit être rapide ; dans les trente prochains jours, la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, devra constituer ce groupe spécial. Celui-ci collaborera étroitement avec le responsable IA et cryptomonnaie de la Maison Blanche, David Sacks, lors de réunions régulières.
Mais ce n’est pas tout : selon le plan d’action pour l’IA dévoilé par l’administration en juillet, un volet financier vient renforcer ce verrouillage réglementaire. Les États adoptant des lois jugées « contraignantes » pourraient perdre l’accès aux fonds fédéraux, notamment ceux du Broadband Equity, Access and Deployment Program (BEAD) — soit plus de 42 milliards de dollars dédiés au développement du haut débit dans les zones rurales. Une manière explicite d’exercer une pression financière sur les juridictions récalcitrantes.
L’opposition dénonce un recul démocratique et social
Cette stratégie suscite immédiatement une vague de critiques parmi les groupes de défense des droits numériques et sociaux. Selon Alexandra Givens, présidente du Center for Democracy and Technology, ce décret viserait avant tout à décourager toute tentative locale visant à renforcer la transparence et la responsabilité des développeurs ou utilisateurs d’IA. Elle souligne : « Les États qui cherchent à protéger leurs habitants ne devraient pas subir des menaces judiciaires ni voir les financements essentiels au développement numérique suspendus. »
À y regarder de plus près, cette approche top-down n’est pas une première pour l’administration actuelle : déjà intégrée à son projet « One Big Beautiful Bill », une clause imposant un moratoire national de dix ans sur toute législation étatique concernant l’IA avait été massivement rejetée par le Sénat, qui s’était exprimé à 99 voix contre 1.
Des doutes persistants autour du choix fédéraliste
En définitive, si la centralisation promise par le président vise à garantir une compétition internationale accrue, elle continue de diviser profondément aussi bien la classe politique que la société civile américaine. Entre impératifs industriels et protection des citoyens face aux risques liés à l’IA, le débat reste loin d’être tranché — tant sur le plan juridique que démocratique.