Un tiers des associations solidaires menacées de disparition face à la fatigue généralisée

Selon une récente enquête, près d'une association de solidarité sur trois fait face à de graves difficultés. Entre baisse des financements et hausse des besoins, le secteur s'inquiète d'une possible disparition massive de structures essentielles.

Le secteur associatif à bout de souffle

Loin des projecteurs, le secteur de la solidarité traverse une zone de turbulences d’une rare intensité. D’après la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui fédère 900 associations œuvrant dans l’accueil, l’hébergement, l’insertion ou encore le médico-social, un constat sans appel s’impose : « Un tiers des associations risquent tout bonnement de disparaître faute de financements suffisants », pointe l’organisation.

Face à ce péril, elle a exhorté tout le secteur à se mobiliser lors d’une journée d’action hier samedi sous la houlette du Mouvement associatif, rassemblant plus de 700 000 structures.

Des finances sous tension permanente

Ce signal d’alarme s’appuie sur une enquête récente menée par la FAS auprès de ses membres. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une association sur quatre n’a pas même deux mois devant elle pour honorer ses charges courantes ; et pour une sur deux, la situation financière s’est nettement dégradée au fil des trois dernières années, les entités régionales étant particulièrement touchées.

Dans cet environnement sous pression, les responsables témoignent d’une équation quasi impossible. Comme le confie Hélène de Chantérac, cofondatrice de l’association Nouveau Souffle, il faut souvent « maintenir une trésorerie robuste malgré un contexte devenu très tendu pour obtenir des subventions ».

L’épuisement guette aussi les équipes

La fragilité ne concerne pas que les chiffres. Derrière chaque ligne budgétaire se cachent des équipes épuisées par les restrictions et l’incertitude. Chez Nouveau Souffle, aucun poste n’a connu d’augmentation salariale ni revalorisation depuis la pandémie. Embaucher devient un risque calculé tant les recettes sont volatiles. Le paradoxe n’échappe pas à Hélène de Chantérac : « Nous sommes proches de l’épuisement alors que notre mission consiste justement à prévenir celui des aidants ! »

Jean-Michel Reiter, président de Avenir Apei, partage cette inquiétude croissante : « Même si nous tenons encore grâce aux économies réalisées, nous resserrons les boulons partout – mais cela ne pourra pas durer indéfiniment. » Entre inflation galopante et reports de paiements publics, maintenir le cap relève désormais du numéro d’équilibriste.

Plaider pour une refonte structurelle des aides

Face à ces fragilités cumulées, plusieurs voix associatives réclament un virage décisif. La France compte aujourd’hui près de dix millions d’aidants, essentiels mais peu soutenus. Pour tourner la page du bricolage financier permanent, Hélène de Chantérac prône « un soutien durable avec des financements pluriannuels revus à la hausse ». Une telle évolution permettrait non seulement d’assurer la pérennité du tissu associatif mais aussi sa capacité à répondre aux défis sociaux croissants.

Parmi les attentes exprimées figure également : L’amélioration de la coordination entre dispositifs sociaux, santé et retraite.

Si le prochain gouvernement est attendu au tournant sur ce sujet crucial, nombre d’acteurs estiment qu’il y a urgence à agir afin que les associations demeurent un pilier incontournable du système social français.