Turquie : accusée de propagande terroriste, la romancière Aslı Erdoğan arrêtée
En début de semaine, la romancière Aslı Erdoğan a été arrêtée en Turquie. Accusée de "propagande terroriste pour le PKK", elle a été placée en garde à vue non sans avoir d'abord été admise à l'hôpital pour un malaise.
Dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 août, la romancière Aslı Erdoğan (pseudonyme) a été arrêtée à son domicile d’Istanbul (Turquie). Accusée de “propagande terroriste pour le PKK” (Parti des travailleurs du Kurdistan), elle a été placée en garde à vue après avoir été hospitalisée pour un malaise.
Aslı Erdoğan travaille notamment pour le journal Özgür Gündem, assez mal vu par le gouvernement turc en raison d’écrits favorables aux Kurdes. Une ordonnance du tribunal aura d’ailleurs fait fermer la publication, et les 23 collaborateurs de son équipe placés en garde à vue. Bien que suspectés des mêmes agissements qu’Aslı Erdoğan, ils ont ensuite été relâchés à l’exception de la romancière.
Aslı Erdoğan arrêtée et placée en garde à vue en Turquie
Dans L’Obs, son amie écrivaine Cécile Ouhmani dresse le portait d’une femme ne reculant, a priori, devant rien : “Active militante des droits de l’Homme, journaliste engagée, elle n’a jamais ménagé ses efforts ni hésité à prendre de risques pour s’exprimer, défendre ses idées.
Je me souviens d’elle, il y a presque deux ans, lorsqu’elle a pris fait et cause pour la ville de Kobané, encerclée par les troupes de Daesh, organisant une marche et un rassemblement d’écrivains à la frontière turco-syrienne. Il y a seulement quelques mois, elle écrivait un texte terrible dans lequel elle dénonçait les exactions contre les Kurdes dans l’Est de son pays.”
La romancière dans un état de santé fragile
Victime d’un malaise, Aslı Erdoğan, 49 ans, avait été admise à l’hôpital le 17 août avant d’être conduite, le lendemain, dans un commissariat d’Istanbul pour y observer sa garde à vue. Aux dernières nouvelles, elle était défendue de s’entretenir avec qui que ce soit, hormis son avocat.
Pour Cécile Ouhmani, son intervention ne semble avoir de sens que celui de maintenir Aslı Erdoğan dans les esprits : “Ces quelques mots concernant une amie que j’admire et que je respecte profondément suffiront-ils à la sortir de sa prison ? Non, bien sûr. Mais je sais aussi que dictatures et régimes autoritaires ont de tout temps cherché à plonger leurs ennemis dans l’oubli, en les emprisonnant, non seulement pour les faire taire, mais aussi pour que peu à peu on cesse de penser à eux, de se rappeler qu’ils existent.”