TFA : ce polluant persistant découvert dans l’eau du robinet à travers la France

Présent dans l’eau du robinet à travers la France, le TFA appartient à la famille des PFAS, ces substances chimiques persistantes qui inquiètent les autorités sanitaires en raison de leur accumulation et de leur résistance aux traitements classiques de dépollution.

L’acide trifluoroacétique, un polluant omniprésent

Il fallait s’y attendre : les associations de défense de l’environnement redoutaient déjà la confirmation. Selon les dernières analyses publiées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) mercredi 3 décembre 2025, la présence de TFA (acide trifluoroacétique), un membre bien connu des PFAS, atteint désormais un niveau alarmant : il est retrouvé dans 92 % des eaux françaises – qu’il s’agisse d’eaux brutes ou du robinet.

Cette étude repose sur plus d’un millier de prélèvements opérés à travers la France, métropole et Outre-mer compris.

Des sources industrielles multiples et une dissémination rapide

D’où provient ce polluant ? Difficile d’en dresser une liste exhaustive, tant le TFA émane de divers procédés industriels. En cause notamment : la dégradation atmosphérique des gaz fluorés utilisés en réfrigération ou encore les rejets d’usines produisant certains herbicides comme le flufénacet.

À cela s’ajoutent émissions directes des sites synthétisant le composé et émissions indirectes liées à son utilisation. D’après le chimiste et hydrologue de l’Anses, Xavier Dauchy, « ces retombées atmosphériques vont impacter directement et rapidement les eaux de surface… entraînant une présence généralisée de ces TFA ».

Un danger pour la santé humaine ?

La communauté scientifique reste prudente, mais les signaux ne sont guère rassurants. Plusieurs études évoquent des effets délétères du TFA, susceptible d’affecter le foie, la fertilité et même de provoquer des malformations chez le fœtus. Sa persistance environnementale extrême – conséquence directe de sa structure courte à base de peu d’atomes de carbone – rend son élimination particulièrement ardue lors du traitement de l’eau. Il est aussi capable de contaminer durablement toute la chaîne alimentaire.

Dans ce contexte, l’Anses a mesuré une concentration médiane de 0,81 microgramme par litre dans l’eau potable française, certaines valeurs atteignant jusqu’à 20 microgrammes. Si cette quantité reste bien inférieure à la « valeur sanitaire indicative » fixée par le ministère (60 microgrammes par litre), il n’existe pas à ce jour de réglementation stricte encadrant cette substance.

Une première cartographie nationale des PFAS dans l’eau

Pour la première fois en France, les autorités sanitaires dressent un bilan aussi précis sur les niveaux d’acide trifluoroacétique. Sur les 35 PFAS recherchés dans l’étude, 20 sont présents dans les eaux brutes et 19 dans celles du robinet. Les résultats montrent néanmoins que :

• La plupart des concentrations mesurées restent sous les seuils réglementaires actuels.
• Certaines substances ne sont détectées que ponctuellement.

Reste à savoir si ces données suffiront à apaiser les inquiétudes alors que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) réexamine actuellement ses recommandations pour mieux protéger la santé publique face aux PFAS persistants comme le TFA.