La Tchétchénie accusée de purge anti-homosexuels
Un journal indépendant russe affirme qu'une centaine de personnes auraient été emprisonnées dans des "prisons secrètes", et torturées.
Novaïa Gazeta, journal d’opposition russe l’a affirmé haut et fort le 1er avril dernier : les autorités tchétchènes auraient arrêté une centaine d’hommes âgés de 16 à 50 ans, homosexuels ou soupçonnés de l’être.
Ils seraient retenus et torturés dans des “prisons secrètes” situées en banlieue de la capitale Grozny.
Des hommes contraints de livrer des noms
Courrier International, qui a repéré cette enquête journalistique, rapporte que “Trois d’entre elles seraient mortes, mais, selon des témoins, il y en aurait beaucoup plus”. D’après le journal russe, les autorités auraient commencé cette répression quand des militants de la communauté LGBT ont souhaité organiser des Gay Prides dans le Caucase du Nord.
Le 4 avril, Novaïa Gazeta publiait deux nouveaux témoignages anonymes accompagnés de photos dérangeantes d’hommes blessés.
Le département d’Etat américain se dit “préoccupé”
Boris Dittrich, membre de l’ONG Human Rights Watch (HRW) précise : “On les force à se déshabiller. Ils sont violés avec des bouteilles et des bâtons jusqu’à ce qu’ils admettent qu’ils sont homosexuels”. Il déclare également que dans ce pays au régime autoritaire mené par Ramzan Kadyrov, un homme installé par Vladimir Poutine : “Quand on connaît la popularité des crimes d’honneur en Tchétchénie, c’est comme un appel à les tuer”. Dans un communiqué, HRW indique : “les informations publiées par Novaïa Gazeta sont conformes aux rapports que Human Rights Watch a récemment reçus de nombreuses sources de confiance, y compris des sources sur le terrain. Le nombre de sources et la cohérence des cas ne laissent aucun doute quant au fait que ces événements ont effectivement eu lieu”.
De son côté, le département d’Etat des Etats-Unis s’est dit “extrêmement préoccupé” et “profondément dérangé” par ces accusations. Il a demandé qu’une enquête “indépendante et crédible” soit diligentée par les autorités russes.
L’Obs a contacté l’antenne d’Amnesty International à Moscou. Son porte-parole Alexandre Artermyev indique qu’il n’a pu vérifier ces faits, tout en qualifiant le journal d’opposition de “source fiable”. “Selon l’information publiée par Novaïa Gazeta, on peut tirer la conclusion que ce ne sont pas seulement des homosexuels qui y sont détenus; les drogués ou d’autres personnes arrêtées pour différentes raisons y seraient également enfermés”, a-t-il ajouté.