Tanzanie : le président encourage les prisons à faire travailler leurs détenus « nuit et jour »
À l'occasion de l'investiture du nouveau commissaire général des prisons, le président de la Tanzanie a exhorté les autorités pénitentiaires à faire travailler leurs détenus "nuit et jour", parlant d'eux comme d'une main-d'œuvre" gratuite".
Samedi, la Tanzanie investissait son nouveau commissaire général des prisons Faustine Martin Kasike. À cette occasion, le président tanzanien John Magufuli a exhorté les autorités carcérales à faire preuve de fermeté envers leurs prisonniers, pour ne pas dire qu’il les a encouragées à assommer leurs détenus de travail.
Dans des propos rapportés traduits par Europe 1, le chef de l’État a ainsi déclaré : « C’est une honte pour le pays de continuer à nourrir les prisonniers. Toutes les prisons ont des champs, il faut que les prisonniers cultivent. Certains membres du personnel des prisons n’ont pas de logement. Faites travailler les prisonniers, qu’ils fabriquent des briques nuit et jour ».
Le président tanzanien exhorte les prisons à donner des coups de pied aux détenus
Et le président Magufuli de n’avoir pas hésité à encourager la violence pour obtenir les résultats désirés : « S’ils font preuve de paresse, assenez-leur des coups de pied. Vous avez là une main-d’œuvre, gratuite en plus ».
Une paresse qui, selon le dirigeant, pourrait entre autres se traduire par le manque d’activité des prisonniers, leur consommation de drogue et l’homosexualité d’un certain nombre d’entre eux.
Les compagnes désormais interdites de visite
Autre instruction donnée par le président tanzanien, celle d’interdire les visites conjugales en prison : « Un homme est emprisonné, laissant dans la communauté sa femme et un surveillant de prison reçoit un jour cette femme et autorise le prisonnier à faire des choses qu’il n’est pas censé faire durant sa détention. Je ne veux plus entendre parler de cela ».
Des déclarations guère étonnantes pour un chef de l’État décrié par des organisations de défense des droits de l’Homme et de la société civile depuis son accession au pouvoir en 2015. Et si l’on pouvait penser que son peuple serait davantage acquis à sa cause, un sondage de l’ONG Twawez a révélé en début de mois qu’ils ne sont finalement plus que 55% des Tanzaniens dans ce cas, contre 96% deux ans plus tôt. John Magufuli apparaît désormais comme le plus impopulaire président qu’ait jamais connu le pays.