Stress au travail : “pas suffisamment d’actions valides mises en place”
Pour le psychiatre Patrick Légeron, la problématique du stress au travail n'est pas correctement gérée en France, pays "dans lequel les managers ne sont pas formés à l’humain".
Jeudi se tenait la Journée Mondiale sur la sécurité et la santé au travail. L’occasion de faire la lumière sur une prévention nécessaire, due notamment au fait que le stress au travail ne cesse de progresser en France. Il y a quinze ans de cela, le psychiatre Patrick Légeron considérait le stress au travail comme le “premier péril pour la santé des salariés”.
Quel est aujourd’hui le regard de l’expert sur cette problématique ? Cité par 20minutes.fr, le spécialiste semble regretter d’avoir constaté des réactions plutôt que des actions : “beaucoup de choses ont changé mais il a fallu le harcèlement moral, le suicide, le burn-out pour qu’on en parle”.
France : mal placée dans la prévention du stress au travail
Des actions que M. Légéron estime d’assez faibles, en dépit “des numéros verts, des questionnaires dans les entreprises, des formations de managers” mis en place. Son constat d’une France en retard sur le traitement de la problématique n’est d’ailleurs pas que le sien :
“On ne peut pas ignorer qu’il n’y a pas suffisamment d’actions valides mises en place. La dernière publication de l’agence européenne de sécurité et de santé au travail de 2015 nous place assez mal en matière de prévention”.
“Il faut savoir repérer quand on est soi-même en souffrance”
Selon le psychiatre, la difficulté pour le stress au travail d’être justement reconnu découle de la précarité de l’emploi. Les employés stressés sont ainsi conduits à prendre sur eux et à s’estimer avant tout chanceux d’avoir un travail. Pour enrayer cette mécanique à risque, Patrick Légeron appelle à “des campagnes d’information et de prévention interministérielles comme pour la sécurité routière ou la toxicomanie. Il faut savoir repérer quand on est soi-même en souffrance et mettre en place des actions.”
Et d’ajouter que la France est “un pays dans lequel les managers ne sont pas formés à l’humain. Individuellement, on doit se protéger à travers par exemple les techniques de relaxation, un sommeil de qualité. Et prendre soin de soi sur le plan psychologique, en ne surinvestissant pas le travail.”