Sexualité : baisse de régime des Français, surtout les jeunes
L'enquête de l'Ifop révèle les raisons de cette "récession sexuelle" observée dans d'autres pays occidentaux.
Les chiffres sont éloquents. Une enquête de l’Ifop pour Lelo menée par questionnaire auprès d’un échantillon de 1 911 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus révèle des indicateurs concernant l’activité sexuelle des Français(es) qui n’ont jamais été aussi bas.
Ainsi, le taux des personnes ayant eu un rapport sexuel lors des 12 derniers mois est tombé à 76 % en moyenne, une chute de 15 points en regard de 2006.
Une récession plus forte chez les 18-24 ans
L’étude pointe que la France « n’échapperait donc pas au phénomène de récession sexuelle observé ces dernières années ». Une tendance particulièrement visible parmi les 18-24 ans car 28% des jeunes initiés sexuellement déclarent ne pas avoir eu de rapport en un an, une proportion cinq fois plus importante qu’en 2006 (5 % à l’époque).
Quant à la fréquence hebdomadaire ds rapports, elle chute également : 43% des personnes interrogées déclarent un rapport par semaine, contre 58% en 2009. Chez les jeunes, ils sont 52 % à avoir en moyenne un rapport sexuel à cette fréquence, « ce qui est nettement en deçà des personnes âgées de 25 à 50 ans ».
Les écrans, de féroces concurrents
Raison numéro 1 de ce désamour de l’amour physique : les écrans. François Kraus, directeur de l’expertise Genre et Sexualités à l’Ifop, résume : « Une majorité de jeunes ont déjà préféré au sexe certains loisirs numériques comme une série Netflix, un jeu vidéo ou du porno ». Pour appuyer cela, la moitié des hommes et 42% des femmes admettent avoir renoncé au sexe pour profiter d’une série, d’un film.
Autre tendance d’importance : plus de la moitié des femmes (54 %) et 42 % des hommes déclarent pouvoir continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique (+ 14 points par rapport à 1981). Pour François Kraus, « Cette enquête met en exergue la proportion croissante de Français(es) qui parviennent à s’affranchir d’une certaine ‘normalité sexuelle’ et tout particulièrement des injonctions sociales qui lient forcément le couple à une vie sexuelle intensive ».
Une abstinence choisie
L’asexualité est l’autre phénomène émergeant de cette enquête, puisque 15 % des femmes et 9 % des hommes affirment ne ressentir aucune attirance sexuelle pour autrui. François Kraus précise : « Une affirmation d’orientation jusque-là méconnue (comme l’asexualité) qui favorise elle aussi une forme de ‘désengagement sexuel' ».
Il voit naître « un nouveau cycle » porté par « par les écrans, l’abstinence choisie, et l’absence pure de désir ». Un cycle dans lequel « le sexe n’est plus essentiel au bonheur ».