Quand le charbon européen revient au centre des stratégies énergétiques
Alors que les énergies renouvelables font une percée en force dans l’économie européenne et au sein des ménages, certains pays font cependant le choix de conserver une politique énergétique centrée sur le charbon.
En Europe de l’Est et en Russie, le charbon est l’une des pierres angulaires de l’économie nationale. Mais plus surprenant, l’Allemagne perpétue l’exploitation de ses mines, comme si l’extraction du charbon relevait d’une tradition coutumière.
Le charbon européen n’est pas mort
La consommation d’énergie par les particuliers et les entreprises pèse sur le climat. Si les énergies renouvelables se développent rapidement, leur faible rendement à court terme ne permet pas de définitivement mettre un terme à l’exploitation des énergies fossiles. Alors que la France a su négocier le virage énergétique en choisissant une politique centrée sur le nucléaire, l’Allemagne a préféré conserver ses mines de charbon.
Générateur d’emplois et d’énergie directement disponible, le charbon constitue la clé de voûte de la politique énergétique allemande, alors que le pays est pourtant connu pour être à la pointe en matière de défense de l’écologie. Cette contradiction s’explique par l’attrait économique énorme que suscite le charbon par rapport aux énergies renouvelables. L’Allemagne dispose en effet toujours de bonnes réserves, alors que le prix du charbon a presque doublé en cinq ans sous l’effet de la réduction des capacités en Chine et aux Etats-Unis.
En Pologne, le charbon reste un solide pilier de l’économie du pays. Il est à l’origine de 90% de l’énergie produite et constitue donc un garant indispensable de la sécurité énergétique polonaise. Malgré une industrie de pointe et des unités de productions parmi les plus puissantes du continent, les ménages polonais n’utilisent que du charbon de mauvaise facture, dégradant la qualité de l’air. Le gouvernement estime cependant que le charbon reste une richesse dont il est impensable de se séparer.
La Russie et le pari assumé du charbon
Pourquoi la Russie continue-t-elle à exploiter le charbon, voire à investir dans de nouvelles structures, alors que les grandes puissances se détournent des énergies fossiles ? La réponse se trouve en Asie, et plus précisément en Inde, au Pakistan et dans tous ces pays où la demande en charbon augmente, voire explose. Les autorités russes encouragent ainsi les entrepreneurs à investir dans cette énergie fossile. Avec 18,2% des réserves mondiales de charbon, la Russie se trouve au carrefour du continent eurasiatique et est particulièrement bien positionnée pour répondre à la demande des pays consommateurs. De plus, le charbon russe est de bonne qualité et facile à extraire, ce qui abaisse son coût.
Andrey Melnichenko et Iskander Makhmudov : de solides acteurs de l’économie minière
Si la consommation de charbon dans le pays a été divisée par deux entre 1980 et 2009 et a été rapidement remplacée par le gaz, l’économie du charbon est aujourd’hui toujours dynamisée par le commerce extérieur. Le régime soviétique avait érigé le mineur en acteur phare de la révolution. Aujourd’hui, les entrepreneurs du charbon russes occupent une place presque toute aussi essentielle dans l’économie nationale. Les grandes entreprises comme la Siberian Coal Energy Company (SUEK) d’Andrey Melnichenko ou bien l’Ural Mining and Metallurgical Company d’Iskander Makhmudov – par le biais de sa filiale Kuzbassrazrezugol – détiennent les clés de cette industrie florissante et bénéfique pour les régions où elles sont implantées. Dans le Kouzbass où sont situées les les entreprises houillères de UMMC, la production minière est un pilier fondamental de l’économie locale, et plus généralement de tout le versant oriental de l’Oural. La SUEK quant à elle mine en SIbérie ainsi qu’à l’extrémité Est de la Russie. A eux deux, Iskander Makhmudov et Andrey Melnichenko sont à la tête d’entreprises qui extraient plus de 150 million de tonnes de charbon chaque année, pour une production nationale qui excède 600 million de tonnes annuelles toutes entreprises confondues. Avec des centaines de milliers de salariés qui dépendent de ces exploitations, la production de charbon en Russie a encore de beaux jours devant elle.
De fait, si l’Europe a amorcé sa transition énergétique, le charbon reste tout de même un élément incontournable de son économie continentale. En effet, le charbon intervient dans de nombreuses branches : emplois, sécurité énergétique et commerce extérieur. Les entrepreneurs, à l’instar d’Iskander Makhmudov et d’Andrey Melnichenko, participent activement au dynamisme des territoires. Les autorités nationales misent quant à elles beaucoup sur cette énergie fossile pour accompagner le développement des pays d’Asie qui seront, en 2030, les plus gros clients des pays producteurs de charbon.