Quand ils incarnent un personnage, les acteurs ont une activité cérébrale spécifique
L'activité cérébrale des acteurs n'est pas la même selon qu'ils agissent ou non dans la peau d'un personnage.
Jouer la comédie n’est pas seulement tenter de faire croire à une situation, des propos, des personnages fictifs. Pour l’acteur, il est principalement question d’incarner son rôle, de sorte qu’on peut le sentir habité par cet être résumé en quelques lignes. En 2019, une étude avait révélé que l’activité cérébrale des acteurs était sensiblement différente selon qu’ils répondaient aux questions en tant qu’eux-mêmes ou dans la peau d’un personnage.
Étude sur le fonctionnement cérébral des acteurs : à la manière de Roméo ou de Juliette
Les résultats de ces travaux ont été publiés dans Royal Society Open Science. Leur auteur, le professeur Steven Brown, avait expliqué s’être lancé dans cette enquête pour lever le voile sur ce qu’il estimait être l’un des derniers grands mystères de la science des arts. Avaient été sollicités des étudiants en théâtre de l’Université McMaster, tous formés à la méthode Stanislavski. Celle-ci implique de s’intéresser en profondeur aux motivations du personnage à incarner pour en adopter la psychologie. À chaque fois, ces sujets devaient répondre à trois questions, d’abord de leur propre point de vue, puis de celui de l’un des protagonistes de Roméo et Juliette. Les questions étaient les suivantes : “Iriez-vous à une fête à laquelle vous n’êtes pas invité(e) ?”, “Diriez-vous à vos parents que vous êtes tombé(e) amoureux(-se) ?” et “Assisteriez-vous aux funérailles d’une personne que vous n’aimiez pas ?”
“Plus vous devenez quelqu’un d’autre, moins il y a de vous”
Les réponses, obtenues alors que les volontaires se trouvaient dans un scanner IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), ont révélé un fonctionnement spécifique selon les situations. “La première chose que j’ai remarquée en analysant les données”, avait déclaré le professeur Brown, “c’est qu’il y avait définitivement une réduction globale de l’activité cérébrale dans l’ensemble du cerveau lorsque les personnes étaient dans leur personnage, par rapport à celles qui répondaient aux mêmes types de questions en étant elles-mêmes”. Et d’avoir découvert que les zones où l’activité cérébrale était réduite appartenaient à un secteur connu pour être impliqué dans le “traitement de soi”. Pour l’auteur de cette étude, “le jeu d’acteur – du moins en partie – est une sorte de ‘jeu à somme nulle’ où il n’y a qu’une seule personne. Et plus vous devenez quelqu’un d’autre, moins il y a de vous.”