Pour Anne Roumanoff, l’humoriste est libre mais aussi responsable de ses paroles
À l'occasion de la diffusion, par France 3, d'un documentaire s'interrogeant sur un humour pouvant être pratiqué avec tout le monde ou un public restreint, l'humoriste Anne Roumanoff délivre son regard sur la question.
À une époque où la moindre pensée n’était pas susceptible d’être partagée avec la planète entière, on peut supposer qu’au temps de Pierre Desproges, il était moins risqué de diffuser un humour particulièrement grinçant. Mais les humoristes sont-ils forcément plus cadenassés aujourd’hui ?
La question est notamment posée dans un document d’Yves Riou diffusé ce soir à 21h00 sur France 3, Peut-on rire de tout ? À cette occasion, l’humoriste Anne Roumanoff, qui intervient dans ce film, délivre son sentiment à nos confrères du Figaro.
“Peut-on rire de tout ?” : une question “aussi complexe que subtile” pour Anne Roumanoff
Quand on lui demande s’il est effectivement possible de rire de tout, la dame du rouge reconnaît le danger d’une réponse péremptoire : “Je pense qu’il est hasardeux de répondre à une question aussi complexe que subtile. Toutes les phrases définitives à ce sujet seront forcément à côté de la plaque. La pratique de l’humour est quelque chose de personnel : il y a celui de la vie de tous les jours et celui qu’on fait sur scène. Il y a certes des sujets plus ‘touchy’, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas les traiter. La preuve, il y a des humoristes comme Stéphane Guillon, Christophe Alévêque, Gaspard Proust ou Fabrice Eboué qui surfent sur des thèmes sensibles et le font avec talent.”
“On se doit d’exercer notre liberté d’expression avec réflexion”
Si Anne Roumanoff assure ne s’être “jamais censurée dans [ses] textes”, elle s’interdit néanmoins d’aborder des sujets qui ne feront rire qu’une minorité de son public. Car considérant que l’humoriste ne peut se cacher derrière sa liberté d’expression pour déverser tout et n’importe quoi :
“Pourquoi un humoriste aurait-il tous les droits ? Un homme politique, quand il passe à la télé, doit faire attention à ce qu’il dit, idem pour un journaliste, etc. On se doit d’exercer notre liberté d’expression avec réflexion. Cette liberté induit une responsabilité.”