Pluribus : après Heisenberg, l’apocalypse émotionnelle selon Vince Gilligan

Image d'illustration. Carol SturkaSony Pictures Television / PR-ADN
La nouvelle série Pluribus présente un personnage principal imaginé par Vince Gilligan, le créateur de Breaking Bad, décrit comme encore plus dangereux que le célèbre Walter White. Une promesse d’intensité et de suspense pour les amateurs de thrillers.
Tl;dr
- Pluribus, la nouvelle série de Vince Gilligan, explore un monde où les émotions individuelles se propagent à l’échelle planétaire.
- L’héroïne Carol Sturka, incarnée par Rhea Seehorn, provoque involontairement la mort de 11 millions de personnes après une simple crise de colère.
- En fusionnant drame moral et apocalypse collective, la série repousse les limites de la culpabilité et redéfinit la notion de responsabilité humaine.
Un massacre inédit dans l’univers de Gilligan
Dans le vaste univers télévisuel façonné par Vince Gilligan, difficile d’imaginer un protagoniste dont les actions dépassent en gravité celles de Walter White ou même de Saul Goodman. Pourtant, la série Pluribus, avec sa mécanique de ruche mentale, introduit une nouvelle échelle : celle de la catastrophe émotionnelle. Ici, les conséquences des actes individuels s’étendent littéralement à l’échelle planétaire.
Carol Sturka, une antihéroïne malgré elle
L’héroïne, ou plutôt l’anti-héroïne, de cette première saison se nomme Carol Sturka, incarnée par Rhea Seehorn. Loin d’être une tueuse sanguinaire, Carol se distingue surtout par sa profonde négativité et sa propension à ruminer. Avant que le virus extraterrestre ne transforme la société en une seule entité collective, ses pires travers se limitent à quelques excès verbaux ou d’alcool. Mais dans cet univers où chaque émotion individuelle résonne dans tout le groupe, ses mots prennent une dimension autrement plus tragique.
Mots meurtriers et conséquences mondiales
C’est lors d’une explosion de colère que Carol réalise l’ampleur du phénomène. Sa simple invective déclenche une onde de choc si puissante qu’elle plonge tous ceux connectés au « Nous » dans un état de sidération proche de la crise convulsive. Le bilan ? Pas moins de 11 millions de morts à travers le monde. Malgré ses efforts immédiats pour limiter les dégâts – bien qu’impuissants – Carol doit encaisser cette réalité glaçante. Pis encore : prise dans son tourment, elle reproduira son geste fatal au fil des épisodes.
Pour situer cette dérive morale inédite, il suffit d’un rappel : L’hécatombe provoquée involontairement par Carol dépasse largement les exactions du mythique « Heisenberg ».
Une série qui bouscule les repères du genre
Toutefois, l’échelle apocalyptique n’est pas réservée aux seules impulsions humaines. La ruche collective elle-même provoque près de 886 millions de morts lors du basculement global. Autrement dit, Pluribus impose un changement d’échelle radical dans la fiction télévisuelle contemporaine – et offre à la brillante Rhea Seehorn un rôle diamétralement opposé à celui beaucoup plus nuancé et moralement ambivalent qu’elle tenait dans Better Call Saul.
Reste cette question lancinante : comment mesurer la responsabilité lorsqu’un mot ou un élan négatif deviennent plus destructeurs qu’une vie entière vouée au crime ? Dans ce monde nouveau et terrifiant, tout dérapage personnel peut devenir un désastre collectif.