Plante tueuse de frelons asiatiques : la France (re)découvre la Sarracenia
La Sarracenia est une plante carnivore semblant raffoler des frelons asiatiques, une découverte que l'on doit au Jardin des plantes de Nantes.
L’existence de la Sarracenia est, on l’imagine, majoritairement connue des spécialistes de la faune et de la flore depuis quantité d’années. Ce que l’on était en revanche moins sûrs de savoir jusqu’à aujourd’hui, c’est que cette plante carnivore semble avoir une cible privilégiée : les frelons asiatiques.
Cette découverte a été attribuée au Jardin des plantes de Nantes, lequel s’est rendu compte, par hasard, que la Sarracenia renfermait nombre de ces insectes. Romaric Perrocheau, directeur du jardin botanique, nous décrit la plante. À son sommet, on trouve « un grand tube » recouvert d’un chapeau, ce qui empêche ainsi la Sarracenia de voir ses sucs digestifs dilués dans l’eau de pluie.
Sarracenia : le jardin des Plantes lui découvre une attirance pour les frelons asiatiques
Juste en dessous, on constate la présence de sucre, une substance qui peut entre autres attirer les abeilles. Et lorsque ces potentielles futures victimes de la Sarracenia se délectent de ce sucre, elles peuvent éventuellement relâcher leur garde et chuter le long d’une feuille particulièrement glissante. Il leur est ensuite pratiquement impossible de remonter, les conduisant à être ultimement digérées par les sucs digestifs de la plante. Et ce n’est finalement que depuis peu que l’on observe une prédominance des frelons asiatiques dans « l’estomac » des Sarracenias.
Une plante carnivore pas intéressée par les frelons européens ?
À la base, c’est la constatation d’un jardinier botaniste du nom de Christian Besson qui amène Romaric Perrocheau à se pencher sur le sujet avec un entomologiste du Muséum d’Histoire naturelle. À l’automne 2014, M. Besson s’était ainsi aperçu que les frelons asiatiques venaient volontiers au contact de la plante originaire d’Amérique du Nord. Et après avoir examiné le contenu de 200 urnes, le directeur du Jardin des plantes a pu affirmer que celles-ci renfermaient « en moyenne trois frelons asiatiques et trois mouches, mais jamais aucune guêpe, aucune abeille, aucun frelon européen« . Difficile cependant d’envisager l’éradication prochaine des frelons asiatiques grâce à la Sarracenia, M. Perrocheau ayant ainsi déclaré à l’AFP qu’une Sarracenia contient « dix à quinze urnes et pouvant attirer jusqu’à 50 insectes. Or, dans un nid de frelons, c’est 4000 individus ».