Oxmo Puccino revient avec “La Voix Lactée”, son nouvel album
Avec son nouvel opus intitulé "La Voix Lactée", le rappeur Oxmo Puccino livre un septième album empruntant un chemin différent du précédant, avec une recherche davantage axée sur le sens des mots.
Oxmo Puccino fait partie de ces rappeurs dont les textes, à l’instar de son confrère MC Solaar, ont matière à être étudiés en cours de français voire de musique. L’artiste né il y a un peu plus de 41 au Mali sous le nom d’Abdoulaye Diarra est en effet connu et reconnu pour associer le rap et la poésie, donnant ainsi naissance à des résultats lui ayant notamment valu de décrocher deux Victoires de la musique (en 2010 et 2013).
Vendredi, “La Voix Lactée”, septième album studio d’Oxmo Puccino, est sorti dans les bacs. L’occasion pour Télérama.fr de publier un long entretien accordé par le rappeur à la revue, même si la seule question apparente lui demande la recette “pour vieillir dans le rap”. Ce à quoi Oxmo répond qu’il s’agit là d’une “très bonne question”.
“La Voix Lactée” : le nouvel album d’Oxmo Puccino plus porté sur le “sens” que la “sonorité”
En avouant ensuite se trouver aujourd’hui davantage dans une démarche sémantique que dans la recherche du clinquant : “Aujourd’hui, c’est plus une question de sens que de sonorité. Le son d’un mot peut m’aider mais il compte moins qu’à mes débuts, où tous mes textes étaient très instinctifs, à la limite du viscéral : ‘Je suis ma propre poutre, je me soutiens seul, rien à foutre.’ Je n’avais pas conscience que j’écrivais pour être entendu. Je trouvais des formules, plus ou moins bonnes, dans une musique, le rap, que personne n’acceptait et que nous étions peu à pratiquer. L’écriture m’aidait, elle m’occupait. Je voulais m’exprimer, je cherchais une forme d’abandon.”
“Je n’ai jamais senti de frontières entre le rap et la chanson”
Aux yeux d’Oxmo Puccino, d’ailleurs surnommé “Black Jacques Brel”, aucune barrière ne semble être érigée entre le rap et la chanson : “Je n’ai jamais senti de frontières entre le rap et la chanson. N’en déplaise à ceux qui ne veulent pas avancer avec leur époque. Avant d’enregistrer L’Arme de paix, j’ai beaucoup regardé les récitals de Maurice Chevalier, de Jacques Brel, de Charles Aznavour, pour lequel je me suis pris de passion, vers 20 ans, car ses chansons me parlaient très intimement, et de Léo Ferré, même si je le trouvais trop dur, trop sec, trop âpre. Mais chaque fois j’ai vu la même chose : un homme, une chemise, un projecteur et une grande sincérité.” Quant au regard qu’il porte sur la scène rap actuelle, il déplore à la fois une perte notable de poésie tout en reconnaissant aux rappeurs d’aujourd’hui de s’exprimer sans réelle carapace : “Depuis les années 1990, les textes ont peu changé, mais ce qui était sulfureux, scandaleux alors, a basculé dans le divertissement. La violence est devenue un spectacle. Il n’y a plus beaucoup de poésie. J’entends des choses très dures, sur les relations entre les hommes et les femmes notamment, comme si un fossé infranchissable se creusait. Mais j’entends aussi beaucoup de sincérité, beaucoup de fragilité chez les jeunes rappeurs.”