Murray parmi les grands
L'eccosais de 25 ans a soulevé hier son premier titre du grand chelem en venant à bout de Novak Djokovic en cinq sets lors de l'US Open. Il met également fin à la diète britannique qui durait depuis 1936 et le sacre de Fred Perry.
Soulagement. Alors que l’on aurait vraisemblablement pu attendre de la joie ou de l’excitation, l’attitude d’Andy Murray ne fut rien de tout cela. Sitôt l’ultime point gagné, il se jeta à terre. Il apparaît enfin libéré de la pression de tout un peuple depuis déjà plusieurs années, ce même pays qui attend de lui qu’il mette fin à l’anomalie britannique. En effet, la dernière victoire de l’un des leurs en grand chelem date de 1936 : une hérésie au royaume de Wimbledon. Elle est désormais réparée, pour le plus grand bonheur des sujets de sa majesté mais également et surtout celui de Murray.
La petit pique lancée en conférence de presse « A l’avenir j’espère qu’on ne me posera plus cette stupide question » en dit long sur les ressentis de l’écossais. Il est vrai qu’avant la délivrance américaine, Murray enchaînait les « échecs », ne parvenant à passer le dernier cap d’une carrière exemplaire. Il collectionnait les finales de grand chelem perdues, quatre de rang : un record. Pour la petite histoire, il le détenait avec Ivan Lendl, qui n’est autre que son actuel entraîneur depuis le début de l’année. Face à la concurrence accrue de ces dernière années avec Federer, Nadal et Djokovic qui trustent tous les podiums, Murray a longtemps cru devoir se cantonner au rang de « chat noir », celui qui ne gagne jamais.
Le déclic Olympique
La riposte intervint lors des Jeux Olympiques. Sur ses terres et dans l’antre de Wimbledon, le moment était parfait pour qu’il puisse enfin prendre son envol. Poussé par un public Anglais acquis à la cause de son héros, l’écossais a survolé le tournoi, se permettant d’humilier le maître Federer en finale au bout de trois sets cinglants (6/2 – 6/1 – 6/4). Même s’il n’avait pas la valeur d’un titre du grand chelem, Murray avait gagné son pari : celui de s’imposer lors d’un tournoi réunissant les meilleurs. De plus, la caisse de résonance Olympique en particulier à domicile offrit un écho retentissant à cette victoire. Dans la lignée de sa démonstration londonienne, son succès américain ne souffre d’aucune contestation. En l’absence de l’Espagnol et au vue de l’élimination précoce de Federer en quart-de-finale, on pouvait se demander si la victoire de Murray ne fut pas « au rabais ». Il n’en est rien.
Il a d’abord du venir à bout de Marin Cilic, puis de Thomas Berdych en demi-finale. Surtout, la finale contre Novak Djokovic fut épique, dans tous les sens du terme. Mené deux sets à rien, le serbe rattrapa son décifit, plongeant Murray dans le très difficile exercice du cinquième et dernier set. Pourtant, la où l’écossais fut souvent montré du doigt pour son mental fébrile, il répondit de la plus belles des manières. Le dernier acte de la partie fut à sens unique, Murray dicta sa loi, ne laissant que deux maigres petits jeux à Djokovic. En seulement deux semaines, Murray a changé de dimension. Il fait désormais parti des « leurs », ceux qui ont gagné un titre du grand chelem. Il met surtout fin a sa malédiction personnelle, mais également à celle du tennis britannique. Par dessus tout, cette victoire n’est pas le fruit du hasard, mais bien de la persévérance de l’écossais. Il n’a désormais plus qu’un but : la confirmer.