Mort de Michel Rocard : « avant tout un militant et un dirigeant politique »
Pour Alain Bergounioux, membre de l’Observatoire de la laïcité et proche de Michel Rocard disparu samedi à 85 ans, l'ancien Premier ministre était "avant tout un militant et un dirigeant politique".
Comme cela est souvent observé dans pareilles circonstances, la mort de Michel Rocard a été l’occasion de retracer le parcours et de louer les victoires de celui qui fut le Premier ministre de François Mitterrand. L’un de ses proches, le membre de l’Observatoire de la laïcité Alain Bergounioux, revient notamment sur cette autre gauche dont son ami a posé quelques briques.
Dans des propos accordés à L’Obs, il déclare ainsi que « la ‘deuxième gauche’ s’est constituée autour des idées et de la pratique politique de grandes figures comme Pierre Mendès France et, plus tard, de Michel Rocard, qui deviendra en 1967 le secrétaire national du PSU (Parti socialiste unifié), né de la transformation du PSA (Parti socialiste autonome). »
Michel Rocard : l’un des fondateurs de la « deuxième gauche »
Une gauche dont la base était la suivante : « la transformation sociale ne vient pas que de l’État, mais aussi des acteurs de terrain, des collectivités locales. En 1966, le mot d’ordre de Rocard était ‘Décoloniser la province' ». Comme M. Bergounioux l’indique, Michel Rocard aura même confronté ces deux visions de la gauche en face d’un François Mitterrand alors encore député de la Nièvre et premier secrétaire du Parti socialiste :
« Au congrès de Nantes en 1977, Michel Rocard a ainsi prononcé un discours sur les deux ‘cultures’ de la gauche, devant François Mitterrand, qui incarnait la première gauche, assis à la tribune. »
Un parcours « très différent » de celui de Jacques Delors
Et quand on lui demande si la gauche alternative proposée par Michel Rocard et celle de Jacques Delors différaient d’une quelconque manière, Alain Bergounioux répond par la négative : « Sur le plan idéologique, il n’y en a pas. Leur attachement commun à l’Europe, leur conception de la société, de la pratique politique et de la manière d’exercer le pouvoir sont similaires. Ce sont leurs parcours qui sont différents. Rocard était avant tout un militant et un dirigeant politique, tandis que Delors, venu du syndicalisme, a été fondamentalement un très grand expert. »