Mort de Hubert Germain : qu’est-ce qu’un Compagnon de la Libération ?
Le dernier Compagnon de la Libération est mort à l'âge de 101 ans. Mais saviez-vous que cinq communes se sont aussi vues décerner ce titre ?
Le 12 octobre 2021, la ministre des Armées Florence Parly annonçait à l’occasion d’une audition devant la commission de la Défense du Sénat : “Je voudrais d’abord vous informer du décès d’Hubert Germain, notre dernier compagnon vivant de la Libération […] C’est un moment important de notre histoire”.
Une heure plus tard, Emmanuel Macron tweetait pour sa part : “Hubert Germain, le dernier des 1038 Compagnons de la Libération, est mort. Le Mont Valérien accueillera le corps de ce résistant de la première heure, héros de Bir Hakeim et du Débarquement de Provence, qui reconquit notre liberté et reconstruisit notre patrie”.
Emmanuel Macron présidera la cérémonie d’inhumation le 11 novembre à l’Arc de Triomphe et au Mont-Valérien. Il lui rendra hommage auparavant lors d’une cérémonie qui se déroulera aux Invalides.
L’admission en tant que Compagnon de la Libération
Aujourd’hui forclos, l’Ordre de la Libération est à mettre au crédit du général de Gaulle. Il “est destiné à récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire”, indique alors l’Ordonnance n°7 de novembre 1940.
Aucun critère d’âge, de sexe, de grade, d’origine, ni de nationalité n’était exigé. Seule la valeur comptait, tout comme la qualité exceptionnelle des services rendus, et ces derniers ne concernaient pas seulement des services combattants.
En quittant le pouvoir en janvier 1946, le général de Gaulle a signé le décret qui mettait un terme à l’attribution de la croix de la Libération. L’Ordre fut de nouveau exceptionnellement ouvert par le général de Gaulle en 1958, pour attribuer la croix de la Libération à Winston Churchill puis au Roi d’Angleterre George VI (1960) à titre posthume.
Compagnons : des hommes, des femmes, des chiffres
1 038 personnes, 5 communes françaises et 18 unités combattantes sont Compagnon de la Libération. Un peu plus de 700 Compagnons ont survécu à la guerre, et 270 le sont à titre posthume. Cinquante d’entre eux, déjà Compagnons, sont morts au combat ou en service commandé avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Presque les trois-quart des Compagnons de la Libération sont issus des rangs de la France libre et un quart des rangs de la Résistance intérieure.
Des collectivités honorées
Les communes Compagnons sont, au titre des collectivités civiles : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Île de Sein.
Six femmes Compagnon
La croix de la Libération a été remise à 6 femmes :
- Berty Albrecht, co-fondatrice du mouvement Combat,
- Laure Diebold, agent de liaison du réseau Mithridate et secrétaire de Jean Moulin, morte en déportation,
- Marie Hackin, chargée de mission avec son mari, disparue en mer en février 1941,
- Marcelle Henry, du réseau d’évasion VIC, décédée à son retour de déportation,
- Simone Michel-Lévy, de la résistance P.T.T., morte en déportation,
- Emilienne Moreau-Evrard, agent du réseau Brutus.
Des noms célèbres
Si tous ces destins se valent, certains noms sont toutefois plus connus du grand public. Citons par exemple :
- les écrivains Romain Gary et André Malraux,
- le juriste René Cassin, plus tard Prix Nobel de la Paix,
- cinq anciens Présidents du Conseil ou Premiers ministres : René Pleven, Maurice Bourgès-Maunoury, Georges Bidault, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer.
Cinq Compagnons reposent en outre au Panthéon : Félix Eboué, Jean Moulin, René Cassin, André Malraux et Pierre Brossolette.
Le musée de l’Ordre de la Libération à Paris
Les collections du musée de l’Ordre, créé aux Invalides à Paris (VIIe arrondissement) en 1970, retracent le parcours des combattants de la France libre et de la Résistance intérieure et de ceux qui furent déportés.