Les médecins peuvent doper les performances sexuelles de leurs patients via des traitements contre l’impuissance
Un médecin l'affirme, ce n'est pas sortir "de l’éthique médicale" que de prescrire des traitements contre l'impuissance à des personnes souhaitant juste améliorer leurs performances sexuelles.
Des troubles de l’érection peuvent se régler par une remise en question de la part du patient ou par un recours à des médicaments adaptés. Des traitements étant donc a priori réservés à un usage spécifique mais qui se voient également prisés par une autre catégorie de personnes.
Pas tellement sujets à des soucis d’impuissance, ces autres hommes souhaitent en fait tout simplement améliorer leurs performances sexuelles. Les professionnels de santé sont-ils toutefois autorisés à délivrer ces médicaments dans un tel cadre ? Pourquoi Docteur ? a profité du récent congrès annuel de l’AFU (Association Française d’Urologie) pour interroger sur le sujet le professeur François Desgrandchamps, chef de service à l’hôpital Saint Louis à Paris.
Plus de 50% des traitements contre les troubles de l’érection détournés
On apprend pour commencer qu’un nombre conséquent de patients détournent ces traitements de leur utilité première :
“Un peu plus de la moitié des hommes qui prennent ces médicaments, les prennent pour des ‘sur performances’; parce que dans l’autre partie, les hommes qui ont des difficultés d’érection, quand cela survient dans un couple qui est fusionnel, finalement ont le médicament, mais certains ne le prennent pas, parce que ça va bien, et qu’ils n’en souffrent pas. Ils admettent que, finalement, que l’étape est passée, qu’on s’aime quand même, et il y a plein de façons de s’aimer. Donc, en effet, ce médicament est souvent pris pour la recherche de performance.”
“Il n’y a pas de jugement de valeur à avoir”
Ensuite, quant à savoir si un médecin joue son rôle en prescrivant ces médicaments en sachant qu’ils seront utilisés comme dopants sexuels, le professeur Desgrandchamps estime que oui :
“Je ne crois pas qu’on sorte de l’éthique médicale quand on se rappelle que la santé est un état de bien-être. Si un homme vient pour la sur performance, il faut lui répondre : ‘Je peux vous le donner, il n’y a pas de risque’, et quand même en parlant un peu avec lui, en lui disant : ‘Est-ce que c’est une quête avec sens ?’. Et donc, même si c’est pour la sur performance, il faut savoir répondre à la demande du patient et lui donner le médicament. Il n’y a pas de jugement de valeur à avoir, et c’est le marquis de Sade qui disait que : ‘Le pénis, c’est le chemin le plus court entre deux cœurs’. Donc si c’est la voie que l’homme a choisi pour son couple, il faut la respecter…”
Le praticien rappelle que les contre-indications de ces produits sont au nombre de trois : “en cas d’infarctus de moins de six mois, en cas d’accident vasculaire cérébral de moins de six mois, et en cas d’angine de poitrine instable”.