Mauritanie : l'”idéologie étroite” de Mohamed Ould Abdel Aziz
Le président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz voit aujourd'hui l'opposition dressée contre lui pour un projet de suppression du Sénat. Pour le leader haratin, l'exécutif mauritanien "a une idéologie étroite" de par l'image qu'il donne des Haratins.
Le 3 mai dernier, le président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré à Néma, ville située dans les sud-est du pays, qu’“il y a certes des séquelles de l’esclavage […]. Mais il y a aussi le comportement de certains qui n’ont jamais été asservis : quelqu’un qui est irresponsable qui fait beaucoup d’enfants, partout et dans toutes les villes […] La répercussion de ce comportement sur ses enfants sera pire que l’esclavage pratiqué jadis”.
Des propos ciblant les Haratins, les habitants noirs des oasis du nord-ouest de l’Afrique, possiblement descendants d’esclaves noirs. La sortie de l’exécutif n’a été que très modérément appréciée par cette population, le leader haratin Samory Ould Bey ayant ainsi indique samedi que, selon lui, en pensant que “la Mauritanie se limite à un seul groupe”, le président Aziz “a une idéologie étroite”.
Haratins : les “discours malveillants” du président mauritanien Aziz
Pour Samory Ould Bey cité par ALAKHBAR, Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas dans son rôle en pointant du doigt les Haratins, alors que l’heure serait davantage au rassemblement : “Au moment ou nous parlons de l’unité nationale, Aziz sort avec ses discours malveillants […].
Il s’en prend à une composante qui est numériquement la plus importante de ce pays, à savoir les Haratines, pour dire qu’ils font trop d’enfants et qu’ils sont des gens sans statut dans ce pays. Cela s’agit d’insultes graves qui émanent surtout d’un chef d’État qui devait défendre l’intérêt de l’ensemble des composantes nationales”.
Une proposition de suppression du Sénat
Une marche de protestation a d’ailleurs été observée en ce même samedi sur l’initiative du FNDU (Front National pour la Démocratie et l’Unité), soit le plus grand rassemblement de l’opposition du pays. Outre ses déclarations sur les Haratins, le président Aziz s’était également prononcé en début de mois sur un projet visant à supprimer le Sénat pour le remplacer par des conseils régionaux au sein des provinces.