L’OSCE salue la volonté de réforme du Kazakhstan
L'instance internationale a vivement félicité les autorités du pays à la suite des modifications apportées à la Constitution en faveur du pluralisme politique et du respect des droits de l'homme.
Des encouragements qui viennent s’ajouter à ceux d’autres organisations et devraient consolider la volonté réformatrice d’un président Tokayev, particulièrement soucieux que le Kazakhstan soit considéré comme une grande nation démocratique aux yeux de l’Occident.
Le satisfecit était sans aucun doute très attendu dans les ministères, ambassades et autres lieux de pouvoir à Nur-Sultan. Fin juin, le Bureau des institutions démocratiques et les droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a officiellement salué les récents efforts du Kazakhstan en matière de démocratisation et de respect des droits humains. Lors d’un déplacement dans la capitale kazakhstanaise, le directeur du BIDDH, Matteo Mecacci, s’est déclaré « heureux d’accroitre (son) soutien à la lumière des amendements constitutionnels » adoptés lors du referendum qui s’est tenu dans le pays le 5 juin. De leur côté, les autorités du Kazakhstan ont exprimé, par la voix de leur Commissaire aux droits de l’homme Elvira Azimova, leur « gratitude à Matteo Mecacci pour son soutien ».Le soulagement de Nur-Sultan est d’autant plus vif que le représentant de l’OSCE ne s’est, lors de sa visite, pas contenté de signer un protocole d’accord entre le BIDDH et l’administration dirigée par Mme Azimova. Le lendemain, M. Mecacci s’est ainsi publiquement affiché aux côtés du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Moukhtar Tléouberdi, auprès duquel il a de nouveau salué « les progrès réalisés par le Kazakhstan dans la promotion des principes du droit international et des normes relatives aux droits de l’homme ». Avant de conclure son déplacement officiel par une rencontre avec le président du pays d’Asie centrale, Kassym-Jomart Tokayev, qu’il a félicité pour ses « réformes à grande échelle » tout en soulignant le fait que le Kazakhstan demeure « un partenaire important de l’OSCE ».
Tourner la page Nazarbayev
L’approbation de la dynamique démocratique du Kazakhstan par la communauté internationale représente un enjeu de taille pour les autorités du pays. Celles-ci tiennent en effet à prendre leurs distances avec les pratiques politiques et institutionnelles des pays voisins, et qui étaient encore en vigueur au Kazakhstan pendant trente ans sous l’ère Nazarbayev. C’était tout l’enjeu du referendum organisé au début du mois de juin, consultation dont la bonne tenue – vérifiée par la présence d’observateurs internationaux – était, pour Nur-Sultan, au moins aussi importante que la nature et l’ampleur des mesures proposées au vote. Organisé quelques mois seulement après une violente vague de protestation populaire, le scrutin avait, enfin, valeur de test grandeur nature pour une démocratie kazakhstanaise encore relativement jeune et fragile.
Les presque soixante modifications constitutionnelles adoptées début juin par près de huit électeurs sur dix (77,18%) visent ainsi, en premier lieu, à raboter les prérogatives présidentielles, en réduisant le nombre de sénateurs nommés par le président ou en étendant le contrôle des nominations par ce dernier à des postes de la haute administration. Un certain nombre d’amendements interdisent aussi désormais aux membres de la famille du chef de l’État de briguer certains strapontins. Plusieurs dispositions suppriment également certains avantages conférés à vie à Nursultan Nazarbayev et à ses proches, parmi lesquels le titre de « chef de la Nation » ou l’immunité judiciaire perpétuelle. Enfin, le rôle de la société civile dans la gouvernance du pays et une meilleure prise en compte des droits de l’homme sont désormais gravés dans le marbre de la Constitution, à défaut de faire encore pleinement partie de l’habitus politique et institutionnel kazakhstanais.
Village gaulois
Se sachant imparfaite et d’autant plus scrutée par les instances internationales qu’elle fait, dans cette région du monde, figure de village gaulois cerné par des régimes autocratiques ou en voie de durcissement – comme la Russie –, la démocratie du Kazakhstan attache une grande importance à son image à l’étranger. C’est pourquoi le soutien de l’OSCE représente, après celui d’autres organisations, un symbole de poids.
Il vient s’ajouter à celui reçu de la part de l’Union européenne (UE), qui s’est plus tôt en juin félicitée « des réformes politiques engagées par le président Tokayev » et a réaffirmé que le Kazakhstan « reste un partenaire important et précieux » pour l’UE ; des Etats-Unis, qui ont déclaré « soutenir fermement les programmes de modernisation politique et de réforme des droits de l’homme du président Tokayev (…) sur la voie difficile de la démocratisation » ; et du Conseil de l’Europe, qui a pour sa part estimé que les mesures récemment adoptées « constituent une véritable percée en termes de modifications constitutionnelles, améliorent la structure sociale (et) promeuvent des réformes tournées vers l’économie de marché ». Pas de blanc-seing donc, mais des encouragements nourris.