L’humanité a failli disparaître il y a environ un million d’années

La planète Terre. Image d'illustration.skeeze / Pixabay
L'humanité a failli disparaître il y a environ un million d'années. Un goulot d'étranglement démographique qui a eu des conséquences sur le génome humain.
Il y a environ un million d’années, nos ancêtres ont failli être anéantis, ni plus ni moins. D’après les données génomiques de 3 154 humains modernes, à ce moment précis, la population aurait été réduite de 100 000, environ, à 1 280 individus, un déclin démographique de 98,7 % sur une durée de 117 000 ans qui aurait pu entraîner l’extinction de l’humanité.
L’humanité a failli disparaître il y a environ un million d’années
Selon les datations récentes, les plus anciens Homo sapiens remontent à environ 300 000 ans en Afrique. Mais les fossiles sont très rares et l’on a aujourd’hui bien du mal à comprendre comment la lignée humaine a évolué avant l’émergence de l’espèce. Pour tenter de répondre à la question, une équipe a étudié le génome de plus de 3 150 humains actuels, issus de dix populations africaines et quarante populations non africaines. Elle a mis au point un nouvel outil analytique, le “processus de coalescence rapide en temps infinitésimal” (FitCoal), qui permet de déduire la taille des groupes composant leurs anciens ancêtres.
Et là, surprise. Les résultats ont révélé un “goulot d’étranglement démographique” entre 930 000 et 813 000 ans, rapidement suivi d’une expansion démographique. Dans l’évolution d’une espèce, ces goulots d’étranglement ne sont pas rares – à cause d’une guerre, une famine ou autre – et la baisse de la diversité génétique qui s’ensuit peut être retracée dans la descendance des survivants. C’est cela qui a permis à ces scientifiques de déduire qu’un tel phénomène a eu lieu bien plus récemment, il y a environ 7 000 ans, dans la population humaine de l’hémisphère nord, mais avec une amplitude bien moindre qu’il y a un million d’années. “Nos ancêtres ont connu un goulot d’étranglement démographique si grave pendant très longtemps qu’ils ont été confrontés à un risque élevé d’extinction”, expliquait Wangjie Hu, coauteur principal de l’étude de l’École de médecine du Mont Sinaï à New York (États-Unis).
Un goulot d’étranglement démographique qui a eu des conséquences sur le génome humain
Ce goulot s’expliquerait par un changement climatique majeur, la transition du milieu du Pléistocène, il y a entre 1,25 et 0,7 million d’années, la Terre s’étant grandement refroidie, d’un côté, avec de longues sécheresses en Afrique et en Eurasie. Cela a pu entraîner famines et conflits. Mais il est très difficile d’être certain de la chose.
Ce goulot d’étranglement aurait cependant contribué à la fusion de deux chromosomes en un seul, le chromosome 2. Les hominidés vivants, dont les grands singes, ont 24 paires de chromosomes, l’homme seulement 23. D’après plusieurs recherches, le dernier ancêtre commun partagé par les Hommes modernes (Homo Sapiens), les Néandertaliens et les Dénisoviens, vivait justement entre 765 000 et 550 000 ans, aux alentours donc de ce phénomène. Il aurait donc pu jouer un rôle dans la division des groupes d’hominidés. La population aurait pu être séparée en petits groupes et ceux-ci auraient fini par devenir distincts, avec l’Homme moderne d’un côté et les Hommes de Néandertal et de Denisova de l’autre. Et c’est à cette époque que les deux chromosomes anciens auraient convergé. Cette presque éradication de l’Homme pourrait donc avoir un lien avec ce changement majeur dans le génome humain.
Pour Haipeng Li, généticien théorique des populations et biologiste informatique de l’Académie chinoise des sciences, coauteur principal, “ces résultats ne sont qu’un début. […] Les objectifs futurs de ces connaissances visent à brosser un tableau plus complet de l’évolution humaine au cours de cette période de transition entre le Pléistocène précoce et le Pléistocène moyen, ce qui permettra à son tour de continuer à percer le mystère de l’ascendance et de l’évolution de l’homme primitif.”