La lettre de Marcel Proust se plaignant des ébats sexuels de ses voisins vendue aux enchères
Le manuscrit était le clou de le vente aux enchères organisée par Pierre Bergé et Associés et Sotheby's.
Cette lettre de Marcel Proust faisait partie de la grande collection de l’ancien banquier genevois Jean Bonna, par ailleurs bibliophile émérite. Dans le lot 245, le manuscrit de l’auteur était tout particulièrement guetté par les collectionneurs en raison de son contenu.
Quand Proust se plaint des ébats de ses voisins
La savoureurse missive date de juillet 1919, et elle était adressé à son ami Jacques Porel, le fils de l’actrice Réjane dont il sous-louait l’appartement. “Les voisins dont me sépare la cloison font l’amour tous les jours avec une frénésie dont je suis jaloux”, écrit-il alors.
Et la suite est à l’avenant, dans un style jouissif : “Quand je pense que pour moi cette sensation est plus faible que celle de boire un verre de bière fraîche, j’envie ces gens qui peuvent pousser des cris tels que la première fois j’ai cru à un assassinat. Mais bien vite le cri de la femme reprit une octave plus bas par l’homme, m’a rassuré sur ce qui se passait. (…) Je serais désolé que Madame votre mère m’attribuât tout ce boucan, qui doit être entendu jusqu’à des distances aussi grandes que ce cri des baleines amoureuses que Michelet montre dressées comme les deux tours de Notre-Dame. (…) Je vous prie réhabilitez-moi auprès de Madame votre mère pour l’amour et pour le piano. Je ne connais que l’asthme (…)”.
La lettre part pour 28.336 euros
L’auteur a, pour la petite histoire, quitté cet appartement en octobre de la même année. Le manuscrit était estimé avant la vente entre 6.000 et 8.000 euros. Mais cette fourchette initiale a vite été dépassée.
Et c’est un collectionneur européen, au téléphone qui a dû enchérir par 3 fois avant de remporter la lettre singulière de l’auteur d’A la recherche du temps perdu.