L’ecstasy pourrait bénéficier aux soldats victimes de stress post-traumatique
Des chercheurs suggèrent que l'ecstasy, administrée de manière contrôlée, pourrait permettre aux soldats de surmonter leur stress post-traumatique. Cette étude présente toutefois, de l'aveu même de ses auteurs, son lot de faiblesses.
Dans leur étude récemment publiée dans les colonnes de la revue britannique The Lancet Psychiatry, des chercheurs avancent que l’ecstasy pourrait venir en aide aux soldats victimes de stress post-traumatique. Leurs conclusions sont toutefois à prendre avec des pincettes.
En effet, de l’aveu même de ses auteurs, l’expérience n’a impliqué qu’un faible nombre de participants (26 personnes incluant 22 anciens combattants, trois pompiers et un policier), en plus de n’avoir pas mis en place un groupe placebo pour vérifier les résultats.
Stress post-traumatique soigné par l’ecstasy : les limites avouées des chercheurs
Malgré tout, ces scientifiques estiment que le traitement par la MDMA (méthylènedioxyméthamphétamine) “est sûr et pourrait renforcer les bienfaits de la psychothérapie”, rapporte en français L’Express. Après avoir été soumis à trois séances de psychothérapie de 90 minutes chacune, ces volontaires ont reçu des doses variables d’ecstasy (30 mg, 75 mg ou 125 mg) durant deux séances spécifiques de huit heures chacune.
Ces participants ont ensuite eu droit à un suivi rapproché. Ils ont ainsi passé une nuit en observation, eu à répondre à des entretiens téléphoniques pendant une semaine et vécu trois nouvelles séances de psychothérapie de 90 minutes chacune pour débriefer l’expérience.
Des doses augmentées à l’insu des volontaires
Et si les chercheurs affirment que les participants qui avaient reçu les plus fortes doses de MDMA sont ceux dont le stress post-traumatique a connu le plus grand recul, d’autres ont ressenti des envies de suicide plus importantes. De plus, “tous les groupes ont fait état d’effets négatifs apparus après le traitement”, dont “angoisses, maux de tête, épuisement, tensions musculaires et insomnies”.
Dans un commentaire publié avec l’étude, Andrea Cipriani et Philip Cowen, deux professeurs de psychiatrie à Oxford, reconnaissent les bienfaits de la méthode tout en se montrant prudents quant à une application généralisée : “La demande non satisfaite de traitement contre le stress post-traumatique, particulièrement chez les anciens combattants et les personnels d’urgence, ne fait pas de doute. Cependant, la possibilité de généraliser la psychothérapie assistée par MDMA pour la psychiatrie plus ordinaire reste à établir”.