Le temps anormalement doux de décembre favorise la prolifération des pucerons en France

Image d'illustration. Macrophotographie des pucerons sur une tigeADN
Les températures inhabituellement élevées pour un mois de décembre favorisent la prolifération des pucerons sur le territoire français, une situation qui inquiète les agriculteurs et spécialistes en raison des risques accrus pour les cultures et l’équilibre des écosystèmes.
Tl;dr
- Décembre exceptionnellement doux en France, records mondiaux attendus.
- Pucerons prolifèrent, menacent les cultures faute de froid.
- Plantes perturbées risquent d’être vulnérables au gel printanier.
Un mois de décembre sous le signe de la douceur
La France connaît en cette fin d’année une période de douceur exceptionnelle, qui pourrait bien s’inscrire dans les annales climatiques. Les chiffres de Copernicus, l’observatoire européen du climat, confirment déjà que novembre 2025 s’est placé comme le « troisième mois de novembre le plus chaud à l’échelle mondiale ».
Les premières tendances pour ce mois de décembre laissent entrevoir des températures qui pourraient établir de nouveaux records, une situation qui fait écho à celle de 2023, désormais rejointe par 2025 dans le triste palmarès des années les plus chaudes jamais mesurées.
Des conséquences directes sur la faune et la flore agricole
Ce climat anormalement clément n’est pas sans inquiéter les acteurs du monde agricole. Serge Zaka, agro-climatologue reconnu, tire la sonnette d’alarme : « Certaines espèces végétales n’ont pas encore compris qu’on était en hiver météorologique ». Concrètement, cette douceur favorise la survie et la multiplication des pucerons, dont la température minimale de développement se situe autour de 4°C selon une étude récente de l’Inrae. Or, avec l’absence prolongée de froid, ces insectes nuisibles voient leur population exploser.
Par ailleurs, l’absence des principaux prédateurs naturels – notamment les coccinelles, généralement en hibernation dès décembre – laisse le champ libre aux pucerons pour se développer et transmettre des virus à différentes espèces végétales. Parmi les plus redoutés figure Toxoptera citricidus (Kirkaldy), vecteur principal de la tristement célèbre maladie virale des agrumes : la tristeza.
L’hiver trop doux : un défi pour le cycle naturel des plantes
Il faut rappeler que le froid joue un rôle central dans le bon déroulement du cycle des plantes. En période hivernale normale, celles-ci entrent en dormance afin de se régénérer et préparer le printemps. Mais lorsque les températures ne passent pas suffisamment longtemps sous zéro, deux risques majeurs apparaissent :
- Dormance compromise : certaines plantes ne récupèrent pas suffisamment.
- Démarrage prématuré : éclosion avant la fin des risques de gel.
Les conséquences sont parfois spectaculaires : branches éclatées sous l’effet du gel soudain après un réveil précoce ou organismes affaiblis face au prochain coup de froid. Cette fragilité accrue inquiète particulièrement les agriculteurs déjà éprouvés par une météo capricieuse.
Vers une nouvelle normalité climatique ?
Derrière ces constats scientifiques pointe une question essentielle : cette succession d’hivers doux devient-elle la norme ? Difficile aujourd’hui d’apporter une réponse catégorique tant les causes sont multiples – mais force est de constater que chaque épisode renforce un peu plus l’urgence d’adapter nos pratiques agricoles face à ce nouvel équilibre climatique encore instable.