Le CNRS cherche 10 000 volontaires pour l’étudier : c’est quoi le “blob” ?
Alors qu'il était d'abord rangé sous la catégorie champignon, il a fallu se rendre à l'évidence qu'il n'en était pas un.
Jusqu’au 12 novembre 2021, vous pouvez vous inscrire pour participer à un projet de science participative mené par le CNRS et baptisé Derrière le blob, la recherche. Sur la page expliquant la démarche, le CNRS précise que l’expérience est “Ouverte à tous les volontaires désireux de devenir acteurs et actrices de la recherche, cette expérience d’une ampleur inédite permettra d’étudier les effets du changement climatique sur le blob”.
Dès l’âge de 8 ans, chez soi, possibilité est donc offerte d’étudier Physarum polycephalum, plus communément appelé blob. “Sur une durée variant d’une semaine à un mois, et en fonction de leurs disponibilités, les participants accueilleront un blob qu’ils devront hydrater puis nourrir. Il s’agira ensuite de simuler des vagues de chaleurs en faisant varier la température à différentes fréquences et à différentes intensités”, est-il expliqué par ailleurs sur le site. Mais bon sang, c’est quoi un blob ?
Le blob : ni animal, ni plante, ni champignon
Vous l’avez peut-être déjà vu dans un sous-bois, puisque c’est là, dans les pays tempérés, qu’il prospère. De texture spongieuse, de couleur jaune (le plus souvent, mais il peut être bleu ou rose), il n’a pas de bouche, pas de pattes non plus et encore moins de cerveau. Cependant, il se nourrit et se déplace. Lentement certes, mais il bouge. Il peut couvrir plusieurs mètres-carrés de surface, en doublant sa taille chaque jour qui passe.
Longtemps, les scientifiques l’ont classé parmi les champignons. Mais il n’en est rien. Il n’est pas végétal non plus et il constitue un règne à lui tout seul. Physarum polycephalum, apparu bien avant les animaux il y a 500 millions d’années, est un organisme d’une seule cellule et de plusieurs noyaux.
Une énigme scientifique
Et ses noyaux peuvent se multiplier à l’infini. De plus, il est capable de se mettre “sur pause” en se déshydratant, ce qui le rend quasiment immortel (même si ça durée de vie est de plusieurs dizaines d’années). C’est l’état dit “de sclérote”.
Plus étonnant encore, le blob est doté de capacités d’apprentissage et de communication d’information. Une équipe de chercheurs français du Centre de recherches sur la cognition animale a fait cette expérience : placer des Physarum polycephalum devant une sorte de “pont” plein d’une substance que les blobs détestent, alors que de l’autre côté se trouvait de la nourriture. Quelques jours plus tard, ils se fichaient complètement de la caféine qui garnissait le pont pour traverser. Puis deux jours plus tard, ils oubliaient l’information jusqu’à se trouver à nouveau en présence de caféine.
En 2016, les mêmes chercheurs ont poussé l’expérience à un stade supérieur. Après avoir enseigné à 2 000 blobs de ne plus craindre la traversée d’un obstacle salé, ils ont fait fusionner certains d’entre eux avec des blobs qui n’avaient jamais été confrontés au pont. Séparés par la suite, il s’est avéré que les organismes n’ayant jamais rencontré de sel avaient appris à ne pas le craindre pour autant. La fusion devait durer au moins trois heures pour que l’apprentissage se fasse.
Comment le savoir est-il transmis ?
Reste à savoir par quel mécanisme l’information est transmise. Il se pourrait que cela soit par l’intermédiaire de veines parcourant la cellule sous la membrane.
Il convient de savoir aussi où est stockée l’information. Peut-être dans un neurone unique ? A suivre.