La pollution atmosphérique suspectée de perturber le cycle menstruel
En 2018, une vaste étude américaine avait déjà mis en lumière ce lien. Cette fois, ce sont des chercheurs français qui la suspectent d'avoir un tel impact.
Des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont suivi pendant un mois 184 femmes “dans le cadre de l’Observatoire de la fertilité en France”. Selon Rémy Slama, chercheur à l’Institut pour l’avancée des biosciences de Grenoble et son équipe, la présence de particules fines a tendance à faire augmenter la durée de la phase folliculaire du cycle menstruel. Il s’agit d’une période correspondant “à la croissance d’un ovocyte jusqu’à l’ovulation”. Les participantes, qui n’utilisaient pas de contraception hormonale, ont accepté de recueillir leur urine quotidiennement ou tous les deux jours afin de mesurer leur exposition à la pollution de l’air.
Un effet sur le début du cycle
Les résultats ? Les scientifiques ont relevé que “chaque augmentation de 10 microgrammes par mètre cube de la concentration en particules fines dans l’air sur la période de 30 jours avant le cycle était associée à une augmentation de la durée de la phase folliculaire d’environ 0,7 jour”. En revanche, ni la durée de la phase lutéale (post-ovulation) ou de la durée totale du cycle n’ont montré de variation.
Pour Rémy Slama, il s’agit de résultats “cohérents avec les données plus fondamentales suggérant que la pollution atmosphérique peut perturber l’axe qui contrôle le cycle menstruel et les hormones de stress comme le cortisol, qui peuvent l’influencer”. Cet axe consiste en une chaîne de transmission du cerveau d’informations hormonales entre l’hypothalamus, l’hypophyse et les ovaires. Le directeur d’étude conclut qu’“Il s’agit de travaux originaux qui génèrent une hypothèse nouvelle. Il faudra probablement un certain temps pour l’infirmer ou la confirmer sur de plus grands échantillons de population, étant donné le coût et l’effort que représentent de telles études”.