Journées sans téléphones portables : “Il faut réussir à reprendre le contrôle”
À l'occasion des journées sans téléphones portables qui débutent aujourd'hui, une sociologue explique qu'en dépit de son caractère indispensable, le smartphone ne doit pas prendre le pouvoir sur l'utilisateur.
Combien de Français joueront le jeu ? À partir d’aujourd’hui et jusqu’à mercredi se tiennent ainsi les journées sans téléphones portables où, comme chaque année, les possesseurs de smartphones sont invités à éteindre leur appareil trois jours consécutifs.
Une proposition qui permet ainsi de vérifier le degré d’attachement à son téléphone et d’éventuellement réagir en conséquence. Nos confrères de LCI ont sollicité la sociologue et experte ès digital Catherine Lejealle sur la question. Déjà auteur de plusieurs publications sur les périphériques mobiles, cette professeur à l’ISC sortait en 2015 J’arrête d’être hyperconnecté.
Téléphones portables : “Nous sommes d’abord des animaux sociaux”
Interrogée sur la possibilité que l’arrivée du smartphone ait négativement modifié le paysage social, Catherine Lejealle estime qu’il n’en a en fait rien été : “Je ne pense pas qu’on ait perdu des choses. On a une vision d’un âge d’or où les gens se parlaient plus qu’aujourd’hui. Mais cela n’a jamais existé. De surcroît, les gens hyperconnectés le sont à leurs amis. Je ne vois pas un délitement du lien social. Prenez l’exemple des jeunes qui écoutent de la musique avec leur smartphone. Ils partagent, ils échangent. Mais cela ne les empêche pas d’aller à des concerts ou des festivals. Nous sommes d’abord des animaux sociaux.”
Une position que la sociologue modère quelque peu à la lumière d’une étude montrant que le temps passé par les jeunes sur leur smartphone empiète sur les moments en famille ou entre amis : “C’est vrai que l’on peut se demander s’il est toujours possible de profiter d’un dîner en amoureux ou d’un repas en famille. Car aujourd’hui, on documente tout ce qu’on fait en le postant sur les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Twitter…) Mais il faut réussir à reprendre le contrôle. Il est nécessaire de percevoir que ce qu’on fait est bien, sans avoir besoin du retour des autres.”
“Il est important de s’octroyer des moments pour soi”
Et s’il apparaissait difficile pour certains connectés de vivre quelques jours sans leur téléphone portable, Catherine Lejealle leur donne quelques pistes à suivre : “Dans le cadre privé, il est important de s’octroyer des moments pour soi (jeu de société avec les enfants, promenade en forêt) sans le téléphone. De mon côté, je fais aussi une vraie semaine de déconnexion une fois par an. Côté travail, il faut là aussi s’octroyer des plages en immersion d’une dizaine de minutes par jour. Faire ce qu’on doit faire sans se laisser distraire.”