Journalistes : une lettre ouverte pour dénoncer les choix de l’Élysée
Alors que l'Élysée a émis l'intention de choisir les journalistes autorisés à suivre le nouveau chef de l'État dans ses déplacements, une lettre ouverte d'une vingtaine de professionnels vient s'insurger contre cette pratique inédite.
Le nouveau président de la République française Emmanuel Macron doit se rendre aujourd’hui à Gao, au Mali, où le chef de l’État est censé rencontrer les soldats français de la force Barkhane déployée au Sahel. Et ce déplacement de faire polémique avant même d’être observé.
Il est ainsi apparu, au terme du premier conseil des ministres du gouvernement Édouard Philippe, qu’il en reviendrait désormais à l’Élysée de choisir les rédactions autorisées à suivre le président dans ses déplacements. Officiellement, cette décision serait motivée par le désir d’une presse plus variée “en fonction des thèmes abordés” et d’un dialogue moins confus par un nombre réduit de journalistes.
L’Élysée n’a “en AUCUN CAS” à choisir ses journalistes
En fin d’après-midi, une “vingtaine de sociétés des journalistes de médias nationaux” (RTL, Le Monde, L’Express, Le Figaro, Mediapart…) a signé une lettre ouverte, accessible entre autres sur le site de Libération, pour dénoncer cette apparente atteinte à la liberté de la presse. Les auteurs de la missive s’adressent directement à Emmanuel Macron pour lui “transmettre [les] inquiétudes [des journalistes signataires] quant à l’organisation de la communication présidentielle qui est en train de se mettre en place depuis [son] entrée en fonction”.
Et de poursuivre : “Pour des raisons de place ou de sécurité, nous comprenons la nécessité de constituer des pools de journalistes – parfois, et à condition que toutes les rédactions y aient accès selon un roulement établi. En revanche, il n’appartient en AUCUN CAS à l’Élysée de choisir ceux d’entre nous qui ont le droit ou non de couvrir un déplacement, quel qu’en soit le thème (défense, diplomatie, économie, éducation, social…).”
“Aucun de vos prédécesseurs ne s’est prêt à ce genre de système”
Les premiers signataires rappellent que “ce choix relève des directions des rédactions et des journalistes qui les composent, qu’ils soient permanents ou pigistes, JRI ou reporters, photographes ou dessinateurs.”
Et, toujours en direction du président Macron, qu’“aucun de vos prédécesseurs ne s’est prêté à ce genre de système, au nom du respect de la liberté de la presse. Alors que la défiance pèse de plus en plus sur l’information, choisir celui ou celle qui rendra compte de vos déplacements ajoute à la confusion entre communication et journalisme, et nuit à la démocratie.” Une question qui vient égratigner les premiers jours du nouveau chef de l’État et que ce dernier est désormais appelé à clarifier.