James Cameron a produit un étonnant échec de science-fiction avec George Clooney

Image d'illustration. SolarisLightstorm Entertainment / PR-ADN
Malgré une production ambitieuse et des visuels soignés, Solaris reste un échec commercial et critique dans la carrière de James Cameron.
Tl;dr
- Le film Solaris de Steven Soderbergh, produit par James Cameron et avec George Clooney, propose une adaptation hollywoodienne du roman de Stanisław Lem.
- Il met l’accent sur le deuil et les souvenirs douloureux, explorant les répliques physiques de proches disparus créées par l’océan vivant de Solaris
- Malgré une mise en scène épurée et fidèle aux thèmes du livre, Solaris divise la critique et reste un échec commercial.
Un chef-d’œuvre littéraire aux multiples visages cinématographiques
Difficile d’imaginer une œuvre plus singulière que Solaris. Le roman publié en 1961 par Stanisław Lem n’a cessé de fasciner, inspirant pas moins de trois adaptations à l’écran. Parmi elles, un téléfilm soviétique passé inaperçu en 1968, suivi en 1972 par le film culte du maître russe Andreï Tarkovski, réputé pour sa lenteur hypnotique et ses plans séquences quasi mutiques. Trois décennies plus tard, c’est au tour de Steven Soderbergh, épaulé à la production par James Cameron, d’offrir sa propre version hollywoodienne avec un budget colossal et la présence remarquée de George Clooney. Pourtant, malgré tant d’atouts, ce dernier opus ne parviendra pas à convaincre ni le public, ni la critique.
L’énigme Solaris : perte, souvenirs et intelligence extraterrestre
Mais qu’est-ce qui rend donc cette histoire si insaisissable ? À travers chaque adaptation, c’est toujours le même mystère insondable : la rencontre avec une forme de vie si radicalement différente que toute communication s’avère quasi impossible. Sur la station spatiale en orbite autour de la planète Solaris, les protagonistes – à commencer par le psychologue Kris Kelvin (devenu Chris Kelvin chez Soderbergh) – sont confrontés à des répliques physiques de proches décédés, matérialisées par l’océan vivant qui recouvre la planète. Ces apparitions déroutantes mettent en lumière l’impuissance humaine face à l’inconnu.
Au centre du récit orchestré par Soderbergh : les souvenirs douloureux et l’empreinte indélébile du deuil. Les membres survivants de la station (interprétés notamment par Viola Davis et Jeremy Davies) sont hantés par ces doubles impossibles à détruire. Pour Kelvin, revoir sa femme disparue soulève une question vertigineuse : est-il possible d’aimer une réminiscence façonnée par sa propre mémoire ?
Entre ambition artistique et désaveu populaire
L’approche choisie pour cette adaptation tranche radicalement avec le divertissement traditionnel ; ici, tout s’efface devant l’exploration des tourments intérieurs des personnages. Exit les ressorts habituels du thriller spatial : ce que propose Steven Soderbergh relève davantage d’une méditation mélancolique sur le chagrin et l’altérité.
En guise d’éclairage, voici quelques points-clés caractérisant le projet :
- Mise en scène épurée privilégiant silences et introspection.
- Cohérence fidèle avec les thèmes du roman original.
- Difficulté délibérée à rendre tangible l’intelligence extraterrestre.
Malgré cette ambition assumée, le résultat divise. Les critiques saluent les idées sans réellement s’attacher aux personnages ; seuls quelques observateurs avisés comme Roger Ebert loueront « l’ironie tragique » dégagée par ce remake libéré du « sérieux pesant » de Andreï Tarkovski. Mais il faut bien constater que ni cette lucidité ni la beauté glacée des images n’auront suffi à attirer les foules : aujourd’hui encore, le Solaris de Steven Soderbergh demeure un échec retentissant parmi ses réalisations.
L’empreinte persistante d’un mythe moderne
Paradoxalement, c’est peut-être dans son refus obstiné d’offrir des réponses claires que réside la force durable de Solaris – livre ou films confondus. Face au vertige des souvenirs altérés et des amours impossibles, chaque spectateur reste libre… mais profondément marqué.