Intoxication à l’herbicide Lasso (société Bayer, ex-Monsanto) : l’agriculteur Paul François fait condamner le fabricant de pesticides
Après quinze ans de lutte, l’agriculteur Paul François a (enfin gagné) face à Monsanto- Bayer mais il se dit déçu.
Il réclamait un million d’euros, il recevra 11 135 €. Hier, le tribunal de Lyon a condamné Monsanto France mais pour l’agriculteur la somme est largement insuffisante.
Une somme largement insuffisante
En 2004, Paul François inhalait accidentellement du Lasso, un herbicide commercialisé par la multinationale allemande et interdit depuis. Aujourd’hui, l’agriculteur céréalier de Charentes qui a été victime de comas à répétition et de maux de tête violents, de pertes de connaissances et hospitalisé, souffre encore de graves troubles neurologiques.
Quinze ans de vie mis entre parenthèses
Chez nos confrères du Monde, Paul François a voulu réagir : “Certes, pour la première fois, la justice française condamne un fabricant de pesticides pour avoir intoxiqué un agriculteur, mais 11 135 € pour quinze ans de vie mis entre parenthèses, de nuits sans sommeil, j’aurais peut-être mieux fait de mettre ce temps à profit pour jouer au Loto !“.
A ce jour, Paul François ne sait pas s’il fera appel mais cela n’est pas impossible devant la somme dérisoire qu’il va recevoir. Pour la justice, Monsanto aurait dû beaucoup mieux signaler le danger spécifique d’utiliser le produit en cas de travaux dans des cuves.
Interviewé il y a deux ans dans les colonnes de 20 minutes, Paul François expliquait : “Savoir combien d’agriculteurs en France ont été victimes des produits phytosanitaires ? La réponse n’est pas simple mais en janvier 2018, un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) avait tenté d’estimer ce nombre dans le cadre de la création d’un fonds d’aide aux victimes de produits phytopharmaceutiques. Ce rapport avait estimé à plusieurs milliers [10.000 précisément] le nombre de victimes potentielles, au sein de la population agricole, pour lesquelles il y a une présomption forte de causalité entre la maladie et l’exposition aux produits phytopharmaceutiques. Mais cette estimation ne porte que sur deux pathologies : la maladie de Parkinson et les cancers du sang”.