Huit ex-ministres de la Santé alertent sur une possible suppression de l’AME
L'idée de limiter ou d'abolir l'aide médicale d'État (AME) pour les personnes sans statut légal entrainerait des répercussions sanitaires, humaines, sociales et économiques.
Tl;dr
- Le débat sur l’aide médicale d’État (AME) pour les sans-papiers revient sur le devant de la scène.
- La suppression de l’AME pourrait avoir des conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques inacceptables.
- Huit anciens ministres de la Santé s’opposent à cette suppression.
Renouveau du débat sur l’Aide Médicale d’État
L’Aide Médicale d’État (AME) pour les sans-papiers est une fois de plus au cœur du débat politique français. Cette mesure, qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier de soins médicaux, est remise en question par certains membres du gouvernement, notamment le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Comprendre l’AME
L’AME assure une prise en charge à 100 % des soins médicaux et hospitaliers, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale. Son attribution est toutefois conditionnée par la résidence en France sans interruption pendant trois mois, ainsi que par le niveau de ressources de l’individu. Les demandeurs d’asile n’y ont pas le droit.
Une opposition forte
Huit anciens ministres de la Santé se sont exprimés dans une tribune publiée par Le Monde pour s’opposer à la suppression de l’AME. Ils estiment que la restriction des conditions d’accès à l’AME amènerait les bénéficiaires à consulter plus tard, avec un état de santé dégradé, nécessitant des soins plus lourds. Pour ces ministres, cela constituerait un piège pour nos hôpitaux et nos finances publiques.
Ils soulignent également que « l’AME ne concerne pas des soins de confort, susceptibles d’attirer une immigration dont les causes sont évidemment plus diverses et complexes », et que la modification de l’AME va à rebours des politiques de santé publique actuelles.
Le coût de l’AME
En 2024, le budget alloué à l’AME par l’État est de 1,2 milliard d’euros, soit environ 0,5 % des dépenses de santé prévues par le budget de la Sécurité sociale. Fin 2023, on comptait 466 000 bénéficiaires de l’AME.
Il est important de noter que l’AME garantit la prise en charge gratuite de soins médicaux sous deux conditions : l’individu doit résider en France de façon irrégulière depuis plus de trois mois et ses ressources doivent être inférieures à un plafond de 10 166 euros par an.