Homéopathie : Son remboursement remis en cause
La ministre de la Santé estime que ce remboursement devrait être conditionné à une évaluation de son efficacité.
Jeudi, Agnès Buzyn rouvre l’éternel débat sur l’efficacité de l’homéopathie en proposant qu’elle soit évaluée scientifiquement, tout comme l’ensemble des médicaments et par les services de l’Assurance maladie.
Pourtant, le mois dernier, elle en avait parlé comme d’“une médecine qui a probablement un effet placebo” mais qui “ne fait pas de mal”, rappelant l’attachement des Français à son égard.
Changement de ton sur l’homéopathie
Mais jeudi, dans la matinale de France Inter, changement de cap potentiel : “Le problème de l’homéopathie c’est qu’elle n’a jamais été évaluée comme un médicament. On a décidé de rembourser l’homéopathie sans aucune évaluation scientifique. Peut-être pourrait-elle entrer dans le droit commun et être évaluée. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle arrêtera de l’être”.
.@agnesbuzyn : "L’homéopathie n’a jamais été évaluée médicalement" pic.twitter.com/U98pi9qIAn
— France Inter (@franceinter) May 24, 2018
D’un côté, l’Académie de médecine soutenait il y a encore quelques jours qu’il s’agit “d’une méthode imaginée il y a deux siècles à partir d’a priori conceptuels dénués de fondements scientifiques”.
Même son de cloche l’année dernière de la part du Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac) dans un rapport : il n’y a “aucune preuve solide de l’efficacité des produits pour traiter les maladies, ou même les prévenir (…), même s’il y a parfois un effet placebo”.
Des homéopathes en colère
Chez les homéopathes, les mots employés le 19 mars dernier dans une tribune parue dans le Figaro, et signée par 124 médecins, avaient particulièrement été mal pris (les termes de “charlatanisme”, “tromperie” avaient ainsi été utilisés).
À LCI, l’homéopathe Florence Paturel rétorque : “Comment peut-on parler d’effet placebo quand on soigne des nourrissons, voire des animaux, avec des médicaments homéopathiques ?”.
Et un autre docteur, Jean Chazarenc, de douter de la possibilité d’une telle évaluation scientifique, car selon lui “il faut qu’elle tienne compte de la spécificité de cette pratique. Par exemple, quand un patient vient nous voir avec une grippe on ne va pas lui donner un traitement standard. On va choisir le remède en fonction des symptômes qu’il développe et chaque patient est différent. Du coup, impossible de faire des essais en double aveugle comme dans la médecine conventionnelle”.
Si la fin du remboursement devait être actée, l’Assurance maladie ferait une économie de 0,3% sur le budget annuel de prise en charge des médicaments.