Hausse remarquable des ventes de pesticides en 2018 en France
Les chiffres du ministère de l'Agriculture pointent une hausse de 24% par rapport à 2017, malgré la volonté des gouvernements successifs depuis dix ans.
Alors que le gouvernement mise sur une diminution de 50% des ventes de pesticides à l’horizon 2025, elles ont bondi en 2018 de 24% par rapport à l’année précédente. Le ministère de l’Agriculture, qui publie ces chiffres, avance de mauvaises conditions météo ayant entraîné l’apparition de maladies, tout comme une augmentation de la taxe sur les produits qui a poussé les agriculteurs à se constituer des stocks.
Une augmentation constante depuis 10 ans
Mais cette tendance à la hausse est pourtant constatée sur 10 ans. Pierre-Marie Aubert, chercheur à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) pointe une explication relative au marché mondial : « Une grande partie des agriculteurs ont simplifié de manière massive leur système en agrandissant et en recourant de plus en plus à la chimie pour pouvoir, avec une seule personne, exploiter des surfaces toujours plus grandes. On se retrouve avec des fermes qui font 200 voire 250 hectares alors que ce n’était pas du tout le cas il y a 25 ans ».
Une situation « pas acceptable »
Claudine Joly, responsable des questions pesticides à France Nature Environnement, regrette quant à elle : « L’objectif, c’était de les réduire de 50%, sur du long terme, avec beaucoup de moyens alloués, ce n’est pas acceptable. Il faut trouver d’autres leviers, compléter ce plan, ou au moins le renforcer ». Or cette réduction de moitié en 10 ans est accompagnée d’un financement de 300 millions d’euros par an. Pour l’experte, « C’est exactement le même fonctionnement que pour les antibiotiques. Les mauvaises herbes résistent, progressivement, aux herbicides. Si l’agriculteur veut avoir la même efficacité avec des parcelles parfaitement propres, il doit mettre de plus en plus d’herbicide ».